Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/754

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perfectionnemens successifs peuvent toujours être apportés dans les munitions, sans que le système d’artillerie soit changé et sans dépenses. Aussi c’est avec une conviction sincère, résultat de longues années de réflexions, que je poursuivrai, jusqu’à ce qu’il soit atteint, le but que je me suis assigné.


Elevons-nous maintenant au-dessus de la question spéciale d’artillerie : nous devons obéir à la loi d’évolution tactique formulée plus haut : Les progrès, de l’armement favorisent de plus en plus les armées manœuvrières. Or les élémens de la manœuvre sont la souplesse, la mobilité ; en un mot, le facteur vitesse devient chaque jour plus important, aussi bien dans la lutte sanglante de la guerre que dans les luttes pacifiques de l’industrie et du commerce.

Avant de se mouvoir, une armée doit être renseignée ; d’où nécessité de développer tous les moyens que la science met à notre disposition : télégraphie sans fil, ballon dirigeable, aviation, etc. Ces moyens ne remplaceront ni la cavalerie, ni le service d’exploration, mais les compléteront et les élargiront. Après les renseignemens, la décision, qui se traduit par le mouvement ; d’où l’idée de profiter de tous les engins nouveaux créés par l’industrie pour donner à l’homme, au fantassin, la vitesse qui lui manque : la bicyclette d’abord, puis aujourd’hui l’utilisation intensive de l’automobilisme donneront la rapidité aux armées et à leurs réserves. Un matériel d’artillerie léger facilitera la manœuvre par la formation rapide des masses, la mobilité se transformant toujours en force. Enfin l’automobilisme encore donnera à ces masses le moyen matériel de faire sentir leur action, par un apport continu de munitions.

L’infanterie sera toujours l’arme de la victoire, l’arme pour laquelle toutes les autres doivent travailler. Plus l’outillage de ces armes accessoires sera complet et perfectionné, plus elles soulageront l’infanterie dans sa tâche si rude.

Toutes les inventions de la science et de l’industrie doivent être mises en œuvre dans la guerre, parce que chaque progrès nouveau, bien employé, économise le sang de l’homme. Les progrès récens sont de nature à rendre à nos armées, et au delà, malgré leur énorme développement, toute la capacité manœuvrière des armées de Napoléon. Ayons donc le sentiment de la manœuvre et ne nous laissons pas ramener, par l’exemple