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soi est démoralisant car notre artillerie n’a jamais réussi à démonter une de ses pièces, tandis que la rapidité de son feu nous a souvent causé de grandes pertes. »

Reginald Kann, dans un article du Temps, confirme ces faits qu’il a constatés lui-même dans les deux campagnes précitées.

Mais le matériel dont je demande l’étude immédiate serait autrement puissant que le canon des Boers. Je pense que son calibre, à déterminer par l’expérience, doit être compris entre un kilo et un kilo et demi. Un tel projectile, chargé en explosif, serait à utiliser, non seulement contre les boucliers, mais aussi contre tous les objectifs qui échappent au shrapnel, par exemple contre les tranchées qui constituent l’abri le plus fréquent dans les batailles modernes. Assis derrière ce couvert, le fantassin est à labri du shrapnel ; s’il se lève pour tirer, il devient quelque peu vulnérable, et encore si la tranchée est surmontée de sacs à terre ou de fascines formant créneaux, le défenseur est presque complètement protégé.

On ne peut l’attaquer que par le tir percutant ; nous retrouvons alors les mêmes conditions que pour le bouclier : l’emploi d’un obus de 5 à 6 kilogrammes est un gaspillage de munitions ; un projectile de poids plus faible traversera tout aussi bien le petit bourrelet de terre et, en éclatant au delà, blessera le même nombre d’hommes.

Contre l’infanterie couchée ou progressant par essaims, le pom-pom sera certainement plus efficace que le 75 fusant et que les obus explosifs de ce calibre.

Comme il est admissible de doter chaque espèce de canon de deux projectiles différens, on pourra, dans l’approvisionnement pour le nouveau canon, avoir des obus incendiaires. L’incendie est, en effet, le meilleur moyen de déloger l’ennemi des localités, fermes ou villages ; mais il faut, pour cela, multiplier les foyers d’incendie, et, par conséquent, tirer un grand nombre de coups. J’attache la plus grande importance à la puissance incendiaire de l’artillerie.

En revanche, le pom-pom est peu efficace contre une ligne de tirailleurs. Aussi je considère que, dans l’état actuel de l’industrie, il ne doit pas se substituer au canon de 75, mais s’y associer, afin de remédier à l’insuffisance de ce dernier. Je dis, dans l’état actuel, carde nouveaux progrès balistiques ou l’emploi de balles en métaux très denses et très durs permettront peut-être