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L’ÉVOLUTION DE L’ARTILLERIE
ET
SES CONSÉQUENCES

Lorsque l’artillerie française fut pourvue, avant toutes les autres, d’un merveilleux canon à tir rapide, on eut la fâcheuse idée, malgré les avis contraires, de réduire de 6 à 4 le nombre des pièces dans la batterie, sans augmenter le nombre des batteries, laissant le corps d’armée à 92 pièces seulement au lieu de 141 que possédaient et que possèdent encore les Allemands. On justifiait cette mesure imprudence par la supériorité que nous donnait le matériel nouveau, supériorité incontestable, mais qui ne pouvait être que momentanée.

Aujourd’hui, nos voisins ont une bouche à feu de campagne à tir rapide et conservent leurs 144 canons. De là, chez nous, une inquiétude fiévreuse qui risque de nous entraîner à des mesures hâtives, peut-être défectueuses ; l’inquiétude est justifiée, la fièvre ne l’est pas. Nous avons le temps de prendre à loisir les dispositions que réclame la situation.

Tout d’abord, une question se pose : Devons-nous augmenter notre artillerie de campagne ? C’est une nécessité absolue. Ceux qui sont d’un avis contraire présentent des objections spécieuses auxquelles il semble utile de répondre.

Les uns, s’appuyant sur ce fait discutable qu’une batterie de 4 canons à tir rapide bat, dans toutes les circonstances, avec