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L’EXIL ET LA MORT
DU
GÉNÉRAL MOREAU

III[1]
LE RETOUR EN EUROPE


I

Pressé d’accomplir la mission dont il était chargé, Daschkoff, vers la mi-mars, se rendit à Philadelphie. Moreau résidait depuis plus de six ans, dans le voisinage de cette ville, sur la propriété achetée par lui, dès son arrivée aux Etats-Unis, et qu’il avait considérablement agrandie. L’envoyé russe eut vite fait de comprendre que ses pressentimens ne l’avaient pas trompé. Sans doute, la résolution de Moreau n’était pas définitive. Il ne voulait, en ce moment, se déplacer que lorsqu’il aurait acquis la certitude que sa femme et sa fille n’étaient plus sur le territoire français. Mais Daschkoff n’en interpréta pas moins ses paroles à l’égal d’une promesse ferme. L’entretien se poursuivit comme si l’exécution de cette promesse n’eût été subordonnée qu’à des considérations accidentelles et provisoires que l’événement allait rendre sans objet. Moreau suivit Daschkoff sur ce terrain. Après que le diplomate russe lui eut répété,

  1. Voyez la Revue du 15 octobre et du 15 novembre.