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et l’autre ? Le Conseil des travaux qui a examiné les plans ? La Commission d’essais qui a laissé passer sans observations ? Les commandans, qui n’ont pas signalé ce grave défaut avec assez de véhémence dans leurs devis de campagne ?

Une décision récente vient enfin de régler la question des températures : les croiseurs Edgar-Quinet, Waldeck-Rousseau et les six cuirassés type Danton, recevront des machines frigorifiques qui maintiendront à 25o la température de leurs soutes. Il a fallu dix ans et l’explosion de l’Iéna pour en arriver là.

Examinons de près le fonctionnement de l’artillerie navale. Cet important service est assuré par l’artillerie coloniale, corps dépendant autrefois de la marine, mais versé à la guerre, en 1900. Depuis huit ans, nous vivons dans le provisoire, en empruntant à ce ministère le personnel nécessaire à la marche de l’ensemble. Ces officiers ne conservent leurs droits à l’avancement qu’à la condition stricte d’assurer la relève aux colonies D’où, bouleversemens incessans dans les services. En 1907, les mutations des capitaines ont atteint 20 p. 100. Les listes de départ colonial du 1er décembre 1907 et du 1er mars 1908 réunies englobaient 2 officiers supérieurs et 10 capitaines, employés à Paris et dans les ports. En 1908, à la fonderie de Ruelle, 5 officiers sur 6 (parmi eux le directeur) sont partis pour les colonies. Comment ne pas attribuer à de si fréquentes mutations les accidens signalés un peu partout, dont les derniers en date sont ceux des pièces de 47 millimètres du Victor-Hugo, si graves, que le ministre a dû condamner toute l’artillerie légère de ce croiseur ?

Avant 1900, la marine récompensait ces officiers ; mais leur carrière dépend aujourd’hui du ministère de la Guerre, et les services accomplis dans la marine ne constituent pas un titre au tableau d’avancement. Donc, aucun avantage à servir dans l’artillerie navale, et il y a fréquemment un certain nombre de postes sans titulaires, bien que 38 p. 100 des capitaines soient désignés d’office. Cet organisme impuissant, disloqué, pourtant premier facteur de notre établissement maritime, réclame impérieusement une complète réorganisation.

Bien entendu, ceci ne vise point les officiers, techniciens justement estimés et travailleurs infatigables. C’est leur instabilité qui est en cause, comme éminemment préjudiciable aux intérêts de la marine. Pour y pourvoir, M. Thomson a étudié la création d’un corps stable d’ingénieurs-artilleurs dont le dépar-