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L’INCOHÉRENCE DANS LA MARINE




L’ADMINISTRATION CENTRALE. — L’ARTILLERIE.
LES ARSENAUX.




La commission sénatoriale, chargée d’une enquête sur la catastrophe de l’Iéna et sur les accidens dont la marine nationale a souffert dans ces dernières années, a fait, à l’unanimité, deux constatations : « 1o Défaut de liaison entre le corps naviguant, l’artillerie, le génie maritime ; 2o absence d’un organisme supérieur harmonisant les divers services dont les rivalités paraissent être une des causes profondes de la situation de notre marine. »

L’incohérence règne dans la marine, et les preuves en sont si nombreuses que l’on courrait risque de s’égarer à leur recherche, si l’on ne délimitait nettement par avance un champ d’exploration. C’est pourquoi nous concentrerons nos critiques sur l’administration centrale, l’artillerie et les arsenaux. L’organisation décousue de la première expliquera, dans une certaine mesure, le flottement des deux autres. Remontant des effets aux causes, nous exposerons les moyens d’établir la cohésion indispensable à la marche ponctuelle des services vers un but fixe. L’heure paraît opportune. M. Alfred Picard vient fort heureusement interrompre la succession des ministres parlementaires. Espérons qu’il sera le réformateur nécessaire et désiré.


Jadis, le département de la marine administrait la flotte, les colonies, la marine marchande et des corps de troupes ; mais il a jeté beaucoup de lest dans ces dernières années. Contraint par la nécessite, serré de près par des concurrens ambitieux et