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Claude Fauriel à Mary Clarke.


Jeudi 9 octobre 1823.

Chère amie, il est fâcheux de ne pas s’entendre tout de suite quand on est obligé de s’expliquer de si loin. Je me suis bien mal fait comprendre, ou vous m’avez bien mal compris dans ma dernière lettre ; je ne sais pas à qui la faute ; mais à quoi servirait de le savoir ?

Je ne comprends pas comment, d’après ce que je vous ai dit au moins vingt fois à ce sujet, vous avez pu vous mettre dans la tête qu’il pouvait m’être utile de passer par le midi de la France pour aller en Italie : et encore moins puis-je comprendre comment vous vous êtes figuré que je ne vous aurais pas ouvert la bouche de cette utilité-là, si je l’avais eue en vue. Ce que j’ai à faire et à voir dans le midi de la France exige un voyage exprès, impossible en ce moment pour dix raisons et auquel je n’ai pas songé depuis longtemps, longtemps ; ce que je pourrais voir et faire en passant par ce pays pour aller en Lombardie est trop peu de chose pour que j’y attache la moindre importance : ainsi donc je vous dis, puisque j’ai besoin de vous le dire, qu’il m’est parfaitement inutile, en ce moment, de passer par le midi de la France.

Cela étant ainsi, je n’avais plus à me décider que sur des raisons d’agrément ou de commodité ; et comme, à cet égard, tout m’est parfaitement indifférent, c’était votre agrément ou votre commodité que je consultais, que je désirais connaître pour m’y conformer ; c’est là ce que j’avais cru faire, sur quoi j’attendais votre réponse, et c’est à quoi vous me répondez par des questions sur mon utilité, avec l’impatience que vous donne le froid et le mauvais temps de Genève !


III. — VOYAGE d’ITALIE. — MALENTENDUS


Mary Clarke à Claude Fauriel


[Milan (?)], dimanche.

Puisque j’ai commencé à vous écrire la vérité, je vous la dirai tout entière ; je n’ai pas eu un instant de repos depuis jeudi, parce que vous avez demandé à Mariette, avec des airs si