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l’heureux vainqueur ; il a même obtenu sur son concurrent, M. Bryan, une majorité plus forte qu’on ne l’a espéré à certains momens de la campagne. Le parti républicain restera donc au pouvoir. Nous pouvons le dire sans indiscrétion, aujourd’hui que tout est terminé, les vœux du vieux monde étaient pour M. Taft ; non pas qu’on y fût hostile à son concurrent, M. Bryan ; mais M. Taft était plus connu ; il avait derrière lui une vie politique déjà longue ; il avait fait preuve d’habileté, de prudence et de tact dans toutes les fonctions et les missions qu’il avait remplies ; il inspirait plus de sécurité. Au surplus, cette fois, les programmes en présence se ressemblaient au point de se confondre. Les deux partis avaient eu beau s’ingénier pour les distinguer l’un de l’autre, ils n’y avaient réussi que du plus au moins ; le fond des idées était le même ; on n’était séparé que par des nuances. M. Bryan se plaignait même que M. Taft lui eût pris son programme, et il se contentait d’affirmer qu’il était personnellement beaucoup plus capable de l’appliquer. La majorité en a jugé autrement. M. Roosevelt aura pour successeur son élève et son ami, qui a promis de le continuer. Il le fera, mais avec des qualités différentes. M. Taft héritera de la politique de M. Roosevelt, mais non de son tempérament. En toutes choses, il y a la manière. Celle de M. Roosevelt était très forte ; - on croit généralement que celle de M. Taft sera plus douce. Elles ont leurs qualités l’une et l’autre ; mais qui sait si, après huit ans de la première, il n’est pas bon de pratiquer quelque temps la seconde ?


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.