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L’EXIL ET LA MORT
DU
GÉNÉRAL MOREAU

II.[1]
DE LA PRISON DU TEMPLE AUX ÉTATS-UNIS


I

Au sortir de l’audience où, au mépris de toute justice, il venait d’être condamné, Moreau écrivait à sa femme : « On vient, ma chère amie, de me condamner à deux ans de prison. C’est le comble de l’horreur et de l’infamie. Si je suis un conspirateur, je dois périr. Certes, il ne peut pas y avoir de circonstances atténuantes, comme le jugement le porte. C’est, évidemment, un jugement dicté pour justifier le rapport du Grand Juge. Je serai au Temple dans une heure. L’indignation m’empêche de t’en dire davantage. Je ne veux aucune grâce. Envoie-moi mes conseils demain. »

On retrouve les mêmes sentimens dans une note que, quelques jours plus tard, Moreau rédige de sa main. Il a été averti par des rumeurs, dont il ne peut, d’ailleurs, vérifier l’exactitude, des dispositions de Napoléon à son égard. On lui a dit que

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.