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Avec La Lumière entre les arbres, qui dit la longue marche dans la forêt obscure qui couvre les montagnes, et l’apparition de la lumière entre les troncs serrés quand la pente est gravie, nous revenons par cette voie demi-descriptive et demi-symbolique que M. van Dyke affectionne, aux poèmes de pure nature, aux mélodies des « quatre oiseaux et une fleur, » au chaud lyrisme du Printemps dans le Sud, et à ce délicieux Chant de neige où le poète regarde la neige tomber sur la mer.


Quand le vent du Nord souffle,
Quand les nuages sauvages volent bas,
De toutes leurs ailes ténébreuses,
Sifflante et murmurante
Tombe la neige.

Est-ce que la neige cache la mer ?
Dans tous ses replis mouvans
Jamais un flocon ne se pose,
Jamais la tourmente n’amasse de monceau ;
Toujours s’évanouissant,
Dans la mer affamée
Tombe la neige.

Que veut dire la neige sur la mer ?
Dans la rafale qui saute et tourbillonne
Les flocons, foule épaisse, passent ;
Chacun, comme un fantôme d’enfant
Chancelle, et disparaît.
Image du mystère de la vie,
Dans la mer oublieuse
Tombe la neige.


Mais le poème le plus grand qu’ait écrit M. van Dyke, et celui où son talent est comme résumé, est cette ode intitulée Music, qui a donné son nom à son dernier volume de poésie. M. van Dyke mit près de deux années à le composer, cherchant les meilleures formes pour exprimer le sens humain de la musique. Le poème débute par une invocation à la Musique, fille de Psyché, enfantée par le cri d’extase qu’elle poussa en cette nuit tragique où elle vit l’Amour et fut abandonnée :


… Tu es l’ange de l’étang qui sommeille. Ses eaux profondes cachent, en elles la paix et la joie, et elles attendent que tes doigts les touchent. Alors, en longs murmures apaisans, elles rouleront autour de l’âme lasse. Ah !