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cavalerie, s’étale sur un front trois fois plus grand (12 kilomètres).

Un tel dispositif ne répond ni à un but ni à un plan, et il est de nature à rendre très difficile la manœuvre consistant à refouler les forces principales de l’ennemi sur le Cher, c’est-à-dire, vers le Nord.

Le soir du 15 septembre, à l’issue de la manœuvre dénommée par nous Bataille de Valençay, nous écrivions :

Le chef du parti rouge savait, le 14 septembre au soir, que l’ennemi occupait Villentrois, Luçay-le-Mâle, Ecueillé, qu’il avait fort peu de cavalerie, mais possédait, en revanche, une cinquième division d’infanterie.

Que devait faire ce chef de parti pour mériter les faveurs de la fortune ? Manœuvrer, manœuvrer et encore manœuvrer.

D’après la situation du 14 au soir, la manœuvre du 15 septembre aurait dû consister, du côté des Rouges, à pousser les avant-gardes du 8e corps sur Luçay afin d’attirer l’ennemi sur le Nahon qui coule à Langé, Vicq et Veuil, à fortifier très complètement la position largo de 5 kilomètres, et à rassembler, le matin de très bonne heure, le 9e corps au Sud et près de Jeu-Maloches, sous le couvert du corps de cavalerie ayant l’une de ses divisions à la Marchaisière et l’autre à la Maigrière.

Quand le parti bleu aveugle, faute d’une cavalerie suffisante, aurait été engagé à fond contre les défenseurs de la position : Veuil-Vicq-Langé, le 9e corps rouge, venant de Jeu-Maloches en deux masses de division, se serait déployé, face au Nord, dans la trouée de la Marchaisière et, de concert avec le corps de cavalerie réuni vers son aile gauche, il aurait remporté, selon toute vraisemblance, un succès éclatant.

La manœuvre du parti rouge, par mouvement débordant combiné avec la défense du front, s’imposait d’autant mieux qu’opérant en territoire national (par hypothèse), ce parti pouvait, en cas d’insuccès, se retirer aussi bien vers le Sud que vers l’Est, tandis que le parti opposé, venu de Tours, n’avait d’autre ligne de retraite que la vallée du Cher et, par suite, devait redouter tout particulièrement une attaque contre son aile droite (Sud).

La situation stratégique invitait donc les deux adversaires à développer les plus grands efforts, chacun, contre l’aile méridionale du parti opposé.

Le chef du parti bleu a bien prescrit la manœuvre par la