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L’intelligence claire et prompte à se répandre,
Dont ils ont en leurs fils allumé le flambeau,
Qu’elle emploie avant tout sa lumière à comprendre
Leurs longs efforts passés vers le Bien et le Beau !

Et notre cœur, d’eux seuls tenant sa vive flamme,
Sa puissance d’aimer, le rythme dont il bat,
Tous ses transports venus des élans de leur âme,
Chérira les aïeux pour n’être pas ingrat !


LA RIVIÈRE DE L’AÏEULE


Avant que votre grâce enchantât la famille,
Du temps où souriaient vos jours de jeune fille,
Aïeule si lointaine, ô fantôme charmant,
Au logis paternel vous viviez doucement,
Là, de l’autre côté de la calme rivière,
Et vous alliez marcher près de l’eau coutumière
Qui mirait dans ses flots vos atours d’autrefois.
De la rive où je suis, je songe, et je vous vois,
Belle vierge, ô ma mère ! et devant cette image
Mon âme qu’éblouit le proche voisinage
Veut vous rejoindre : hélas ! un obstacle jaloux,
Pour empêcher mon cœur d’arriver jusqu’à vous,
Se place infranchissable entre nos destinées ;
Nous sommes séparés par l’onde des années,
Par tant de jours, brillant jadis d’éclat vermeil,
Semblables à des flots qui coulaient au soleil,
Et par d’obscures nuits, de longues nuits sans nombre,
Dont les heures passaient comme des flots à l’ombre !


GAITE ANCIENNE


Oh ! jadis, dans les siècles morts,
Les rires clairs des jeunes filles !
O gaîtés qui brillaient alors,
En se jouant sous les charmilles !