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bien davantage de la concentration d’une seule classe en un même lieu, en un même métier, pour un même travail.

Double ou triple concentration. — D’abord, une concentration géographique par régions. D’une manière générale, on peut dire de l’industrie française qu’elle se rassemble et comme se condense, ou bien — pourquoi craindre de répéter le mot, si c’est le mot ? — qu’elle se concentre en trois groupes : l’un au Nord de la Seine, ayant son maximum de densité dans les départemens du Nord, des Ardennes, de Meurthe-et-Moselle, le territoire de Belfort et l’îlot que forme le département de la Seine ; très puissant et pesant encore dans le Pas-de-Calais, la Somme, la Seine-Inférieure, l’Oise, l’Aisne, la Marne, l’Aube, Seine-et-Oise, etc. Le deuxième groupe est le groupe lyonnais, avec son maximum de densité dans le Rhône, la Loire et l’Isère ; le troisième est le groupe du Sud-Est, avec son maximum de densité dans le Gard et dans les Bouches-du-Rhône.

Ensuite, une concentration par industries : surtout dans la métallurgie, les mines et minières, les industries textiles, la papeterie, la céramique et la verrerie, où se trouvent les établissemens occupant le plus grand nombre d’ouvriers ; et cette concentration des ouvriers par industries se combine avec la concentration des industries par régions, car les plus grands établissemens de ce genre sont situés principalement dans le territoire de Belfort, les départemens de Meurthe-et-Moselle, des Vosges, de Saône-et-Loire, du Doubs, du Pas-de-Calais, du Nord, de la Loire, de l’Isère et de l’Aveyron. En outre, il est à remarquer que c’est une concentration croissante. Des discussions se sont souvent élevées, dans les assemblées politiques ou savantes, sur ce sujet : les industries vont-elles réellement se concentrant ? et les deux avis, le pour et le contre, oui et non, ont été soutenus. Que si, au lieu de choisir pour critérium le nombre des établissemens, qui prouvera bien plutôt ou la disposition à entreprendre ou la capacité de persévérer, on prenait le nombre des ouvriers par établissement, l’observation serait démonstrative : le phénomène apparaîtrait alors, il éclaterait en pleine évidence. Tandis qu’en 1896, le nombre des ouvriers occupés dans les établissemens employant de 1 à 10 ouvriers était de 1 133 000, il n’est plus que de 1 131 000 environ, en 1901. Dans les établissemens employant de 11 à 100 ouvriers, le personnel occupé est tombé de 853 000, en 1896, à 651 000, en 1901 ; soit,