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l’impulsion de la Commission qui voulait les préserver de l’isolement, les délivrer de l’intermédiaire, faire l’éducation de leur sentiment de la responsabilité par la discussion d’intérêts communs, ils ont organisé des caisses d’épargne et de prêt, des sociétés de production, d’achat et de vente. A la fin de 1905, on en comptait 965, affiliées à trois unions différentes, du système Raffeisen et Offenbach, couvrant de leur réseau les deux provinces. Les 700 caisses d’épargne et de prêt gèrent plus de 50 millions de marks. Les dépôts des 47 caisses d’épargne affiliées à « l’Union des sociétés allemandes de Posen » sont, de 1900 à 1905, montés de 460 774 à 1 403 949 marks. L’effet immédiat de cette abondance de capitaux, dans ces régions jadis pauvres, a été la diminution du taux de l’intérêt, l’extinction des hypothèques, une culture plus intensive.

La colonisation a beaucoup influé sur le développement des villes. La Posnanie en compte aujourd’hui 86 et la Prusse occidentale 75 qui ont plus de 2 000 habitans ; villes agricoles pour la plupart, dont la population resta longtemps stationnaire parce qu’elles étaient entourées de vastes domaines dont le propriétaire achetait et vendait aux grandes enseignes de la capitale de la province ou du royaume. De 1885 à 1905, la population urbaine des districts de Marienwerder, Bromberg et Posen est passée de 693 521 habitans à 922 997 ; les villes situées au centre des colonies ont augmenté de 47,40 pour 100 ; celles des régions non colonisées de 8,47 pour 100 seulement.

Si ce phénomène démographique, dû, dans ces provinces, à des circonstances économiques et sociales particulières qui s’ajoutent aux causes générales de l’exode rural, marque le progrès de la germanisation, il montre aussi le spectacle des deux nationalités en lutte. Elle se livrent, dans l’enceinte des villes, à un boycottage rigoureux, dont peut nous donner une idée le déplacement de la population des artisans, bouchers, boulangers, cordonniers, menuisiers, tailleurs, forgerons, meuniers, pendant cette période de vingt ans. Dans six villes des régions colonisées, Briesen, Gnesen, Ianowitz, Mogilno, Wongrowitz et Schönsee il y avait, en 1885, 617 artisans dont 255 Allemands et 362 Polonais ; en 1905, il y en a 800 dont 337 Allemands et 463 Polonais. Dans huit villes de type identique, situées dans des régions non colonisées, Chritsburg, Stuhm, Santomischel, Grätz, Rawitsch, Krotoschin, Kosten et Zerkow, il y avait,