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LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
DE CONSOMMATION

De toutes les institutions sociales, les Sociétés coopératives de consommation sont peut-être les moins connues du public. Il est vrai que leurs membres, ne descendant pas dans la rue, ne nécessitant jamais le déploiement de forces policières, ont rarement épouvanté les « bourgeois. » On se condamne à l’obscurité quand on est si tranquille.

Cependant, l’intérêt et l’avenir d’une œuvre sociale ne se mesurent pas toujours au bruit qu’elle fait dans le monde. Organe nouveau et original de la distribution économique, la Société coopérative de consommation est, par elle-même, digne d’être observée. Mais comme elle est administrée ordinairement par des ouvriers ; comme le succès de ses opérations exige une direction habile et une forte discipline intérieure, elle peut fournir, par surcroît, une indication précieuse sur les aptitudes directrices de la classe ouvrière. Il ne faut pas dédaigner un tel enseignement ; car il nous permettra de préjuger les capacités dont la classe ouvrière serait pourvue, le jour où une révolution, lui attribuant tous les pouvoirs, lui imposerait l’obligation d’organiser le travail dans toute l’étendue de la nation, conformément à la doctrine collectiviste. À ce titre, il n’est pas de champ d’observation plus propice que la Société coopérative de consommation. Il n’en est pas non plus de moins exploré.