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comme pour les nouvelles du jour, l’indication claire de la source, que d’ailleurs les Allemands réclament pour celles-ci.


IV

Ces deux séries de réformes, celles qui ont trait aux conditions de la protection et celles qui augmentent le nombre des œuvres protégées, font un programme déjà touffu, où l’activité des délégués pourrait largement s’employer. Mais ce n’est pas tout, et le programme allemand comprend encore deux questions : l’une fort importante, relative à la traduction, l’autre fort délicate, la reproduction de la musique par les instrumens mécaniques.

Pour la traduction, le projet est net : il réserve à l’auteur le droit de l’interdire dans les conditions mêmes où il peut interdire toute reproduction de son œuvre. Ainsi disparaît l’obligation pour l’auteur de faire traduire cette œuvre dans les dix ans de la publication, faute de quoi la traduction est librement permise. Désormais, sans tenir compte de ce délai, et pour tout le temps où il dispose de l’œuvre même, l’auteur resterait maître de la traduction. Cette réforme serait aussi juste dans son principe que profitable aux écrivains. La contrefaçon, en effet, leur est moins redoutable dans un pays étranger par la reproduction pure et simple, accessible à l’élite qui connaît leur langue, que par la traduction qui vulgarise leur ouvrage. On a fait beaucoup sans doute lors de la révision de 1896. Le texte primitif de la Convention de Berne réservait pour dix ans seulement à l’auteur le droit de traduction. En 1896, on a trouvé la formule de l’acte additionnel : le droit réservé pour la même durée que la propriété de l’œuvre, à condition qu’il y ait eu une traduction dans les dix ans. Mais il peut arriver, il arrive que des livres ne pénètrent que lentement de leur pays d’origine dans un pays étranger ; c’est l’intérêt même des éditeurs de ce pays étranger d’en retarder la diffusion ; l’auteur ne s’est pas occupé de se faire traduire ou plus simplement on ne le lui a pas proposé ; les dix ans passent ; des succès ont attiré l’attention sur lui ; on traduit alors toutes ses œuvres qui datent d’au moins dix ans, sans qu’il ait à protester. Cette liberté est choquante en elle-même, désastreuse pour l’écrivain. La