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LA PROPRIÉTÉ ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Á LA
CONFÉRENCE DE BERLIN

« Chaque fois, a dit un jour Ferdinand Brunetière, qu’apparaît une œuvre d’imagination originale et forte, un roman par exemple, je vois dans l’année même affluer des manuscrits, qui, avec l’inconscience la plus naïve, reproduisent simplement cette œuvre ; l’instinct de l’imitation est tout-puissant dans le domaine des ouvrages de l’esprit. » L’imitation est en effet partout. Pratiquée comme le disait Brunetière, elle reste un jeu inoffensif et puéril ; mais entreprise systématiquement, elle porte au droit de l’auteur qu’on copie l’atteinte la plus grave. Elle menace les producteurs intellectuels dans la création qui est leur bien, tout comme le pillage et le vol menacent les propriétaires de biens matériels. Elle offre même un danger plus grand ; car elle se consomme sans effort et sans violence : — il suffit, devant la vitrine d’un de nos joailliers de prendre en quelques coups de crayon la forme nouvelle d’une parure et la disposition des pierres. Elle peut surtout se réaliser d’un pays à un autre et depuis le bout du monde, sans déplacement et sans frais : — il suffit de recevoir à New-York, à Pétersbourg un roman français qu’on traduit, une partition qu’on publie, une comédie qu’on fait jouer en toute tranquillité.

Dans l’étendue de leurs territoires, les diverses nations du globe se sont inquiétées de prévenir et de réprimer ces attentats.