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plaçant comme servans, chez « messieurs les curés et docteurs de l’Université. » Le seul trait à retenir sans doute dans cette pédagogie un peu hésitante et élémentaire, c’est l’ambition d’amender par l’éducation les naturels difficiles ou vicieux : « De même que l’esprit de Jésus a plus volontiers embrassé l’enfant prodigue que son frère et a recherché les pécheurs et les Magdeleines avec un amour plus ardent que les justes, nous aurons une singulière affection à tendre les bras aux enfans les plus déréglés et malaisés à gouverner, auxquels les remèdes ordinaires ne font plus rien. »

Dans les écoles de filles, que Portmorand songe à fonder aussi, le même triple « discernement » sera fait « des filles nobles » et de « celles qui n’ont qu’une honnête naissance » d’avec celles qui sont « de condition mécanique et servile. » On n’exclura que les filles notoirement et définitivement « perdues ; » on recevra jusqu’aux pécheresses « qui ont failli par une passagère et secrette fragilité,… on les remettra dans le train des honnêtes lilles. » Et pour épargner ces chutes aux filles « d’honnête naissance, » on accueillera « singulièrement les orphelines » et, — sans aucun délai, — « les plus belles. »

Quant au « final objet » de ces maisons d’éducation si hospitalières, il est de former « pour les paroisses d’excellens maîtres » et maîtresses, soit ecclésiastiques, soit laïques. On préparera donc et on éprouvera, à cet effet, jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, les sujets qui paraîtront propres. Toutefois, en attendant que la maison puisse n’être plus qu’un séminaire d’instituteurs, « on y donnera le couvert à tous les gens d’Eglise, précepteurs, escoliers, écrivains et arithméticiens qui n’ont point d’emploi. » On y hébergera également, « à la retraite passagère, les gentilshommes, les soldats et les artisans, garçons et mariés, qui veulent prendre quelques jours pour vaquer à leur conscience, les pages, les officiers, valets et laquais que leurs maîtres y voudraient envoyer faire une bonne confession générale. On recevra toutes gens de toute sorte de professions et qualités, qui sont disgraciés de la fortune, afin de les mettre en état de servir dignement l’Eglise et le public en toutes sortes de places. » On y donnera « à la veuve et à l’orphelin, aux pauvres honteux, affligés et malades, audience, consolation et assistance temporelle : » avocats et procureurs, médecins et chirurgiens seront à cet effet « attitrés à la Famille. » Enfin, on mariera