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extrêmement furieux. » Il y prit sans doute le mal dont il mourut.

Or, il faut maintenant revendiquer pour la Compagnie du Saint Sacrement une part de cette belle pitié chrétienne et de l’établissement précieux qui en résulta. Si J.-B. Gault et le chevalier de Simiane sollicitent de la duchesse d’Aiguillon les fonds nécessaires à l’achèvement du bâtiment projeté par Gondi, c’est la Compagnie du Saint Sacrement de Marseille, — ceci ressort d’une lettre d’un membre du groupe parisien, du 18 mai 1643, — qui les appuie, qui les fait appuyer par la Compagnie de Paris.

Deux ans plus tard, c’est encore la Compagnie de Marseille qui fait intervenir les confrères de Paris, pour qu’une subvention, accordée par le Roi, soit payée, et elle s’occupe d’en trouver les fonds. Ce sont enfin les deux groupes de Marseille et de Paris que leur correspondance nous montre, en novembre 1645, concertant un voyage du chevalier de Simiane à Paris, en vue de harceler de nouveau les puissances, et d’ « accélérer » l’établissement définitif de l’Hôpital des forçats. On voit donc que J.-B. Gault et le chevalier de La Coste, en admettant même qu’ils aient le plus gros du mérite, ont cependant trouvé une auxiliaire active et puissante dans la Compagnie, dont, au reste, ils étaient l’un et l’autre membres. Il y a eu collaboration. Et c’est ainsi sans doute que, dans beaucoup des fondations pieuses ou charitables d’autrefois, la résurrection historique de la Compagnie du Saint Sacrement nous obligera dorénavant à réserver son rôle possible. Il convient désormais de toujours tenir compte de son action souterraine dans l’histoire religieuse et sociale de la France provinciale sous l’ancien régime[1].

Sa charité pour les forçats ne se borna pas à la création de cet hôpital. De ses efforts, — que la relation de Voyer d’Argenson nous indiquait très brièvement, — pour « procurer la justice » et la liberté « aux forçats qui avaient achevé leur temps, » la correspondance avec Paris nous apporte un exemple nominatif. De 1642 à la fin de 1645, elle travaille avec courage à l’élargissement d’un nommé Jacques Sauvage, retenu indûment aux galères après son temps fini.

Contre la débauche et l’immoralité, le Saint Sacrement de Marseille paraît avoir quelque peu tardé d’agir. Peut-être, ici

  1. Voyez, déjà, à cet égard, les travaux de M. A. Leroux et de M. l’abbé Aulagne sur le Limousin, de M. l’abbé Deberre sur la Mère Marguerite, de M. Henri Joly sur le Père Eudes.