Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/748

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les demandes de secours qui lui sont adressées. Son action sera offensive dès que les circonstances s’y prêteront. Alors elle exécutera les mouvemens tournans, menacera les flancs, renforcera les lignes de feu, poursuivra l’ennemi, ou couvrira la retraite. Dans l’offensive, elle occupera le terrain conquis lorsque les cavaliers remonteront à cheval.

Ce résumé des idées directrices en Allemagne, montre l’importance nouvelle attachée au combat à pied. Aux manœuvres impériales de 1902, la cavalerie semblait encore férue de la tactique de Seydlitz. On put le voir les 11 et 12 septembre, où l’Empereur, ayant pris le commandement d’un corps de cavalerie à deux divisions, le lança à la charge a la fin de ces deux journées. Mais en novembre 1903, le général von der Goltz et, en décembre de la même année, le général de Pelet-Narbonne s’attachaient à faire ressortir l’importance du feu pour la cavalerie. Aujourd’hui, l’emploi de l’arme à feu n’est plus recommandé seulement dans la défensive. Le combat à pied offensif est admis ; ce qui suit en est la preuve.

La Gazette de Cologne annonçait dernièrement (voir le Temps du 30 mai 1908) « que la nouvelle carabine de cavalerie qui a déjà été distribuée à titre d’essai à neuf régimens de cavalerie et qui est, comme on sait, munie d’une baïonnette, sera dorénavant portée de la manière suivante. Au lieu d’être attachée à la selle comme par le passé, elle sera portée en bandoulière pour faciliter le combat à pied. Les cartouches seront désormais portées dans une cartouchière et l’on espère pouvoir de cette façon augmenter le nombre dont disposera chaque cavalier. L’importance croissante prise par le combat à pied de la cavalerie exige, en effet, non seulement des armes à portée plus considérable (la nouvelle carabine est établie pour une portée de 2 000 mètres), mais encore une plus grande quantité de munitions. » La Gazette de Cologne émet l’idée qu’en attendant que le ravitaillement en cartouches puisse être assuré par un caisson à munitions, on pourrait donner à chaque escadron un ou deux chevaux portant un chargement de cartouches.

Voici donc l’Allemagne armant sa cavalerie avec une carabine à baïonnette, en vue de l’offensive à pied.


Les vieilles armées comme la nôtre sont imprégnées des traditions du passé. Les changemens importans ne sont acceptés