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que la mine flottante, au bout d’une heure, devienne inoffensive, et le problème des mines sera simplifié. Que le pétrole prenne la place du charbon à bord des navires, et la facilité du ravitaillement à la mer fera de l’illustre question de la prise du combustible dans les eaux neutres un problème vieilli. Ce ne sont pas les philosophes avec leurs théories, ni les juristes avec leurs formules, mais les ingénieurs avec leurs inventions, qui font le droit et surtout le progrès du droit.

Ainsi l’industrie, force matérielle, secondant les vues de l’idée, force morale, ouvre, ou plutôt entrouvre la séduisante perspective d’une solution plus ou moins prochaine, mais fatale, des problèmes de la guerre sur mer. Mystérieuse, presque troublante, une évolution se dessine qui, dans un progrès parallèle de la science et du droit, mène les peuples au bonheur par la liberté. Par-dessus l’émouvant conflit des intérêts nationaux, ingénieux à la controverse, ardens à la discussion, opiniâtres à la résistance, plus haut que la souveraineté des Etats, dogme éminent et cependant fragile, apparaît, — pour imposer la Justice, — cette autorité décisive et suprême : l’invention, maîtresse des lois.


A. DE LAPRADELLE.