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et que toute la vie de l’Altis gravitait autour du grand autel de Zeus. Les Jeux ne venaient qu’ensuite.

Pour ces jeux, comme pour le reste, il est assez malaisé de tirer des notions précises d’une simple promenade à travers les fouilles. Sans doute, les points de repère ne manquent pas, mais les lueurs parcimonieuses qu’on découvre de temps en temps font paraître plus épaisses les ténèbres qui enveloppent tout l’inconnu… Voici cependant la palestre où les athlètes s’exerçaient avant la lutte, voici les thermes où ils se baignaient et se lavaient après leurs exercices. On peut même se faire une idée sommaire du Prytanée, où les administrateurs d’Olympie les hébergeaient. A l’intérieur, une cour avec un autel et un foyer : c’était la cuisine. Le fond de la cour servait de restaurant. De petites chambres, qui s’ouvraient tout autour de ce préau, formaient une série de dortoirs. Nulle apparence de luxe ni de confort ! Ce Prytanée n’était qu’un abri et un réfectoire temporaires.

A gauche, après le disgracieux temple d’Héra, les vestiges de l’exèdre construit par Hérode Atticus. Un aqueduc y déversait ses eaux dans un réservoir. Il y avait des statues dans les niches du mur semi-circulaire et, sans doute aussi, des sièges dans les entre-colonnemens : c’était un refuge, un petit coin de fraîcheur et d’ombre au milieu de ce parvis brûlant, où, du matin au soir, flambaient les bûchers des autels, où la réverbération des pavés et des marbres rendait la chaleur plus torride.

La terrasse des Trésors s’élève immédiatement au-dessus. Toujours des traces de fondations : rien de plus ! Ces trésors étaient des édicules de dimensions très exiguës, resserrés les uns contre les autres, assez semblables aux chapelles de nos cimetières. Je passe, je traverse le couloir voûté qui conduisait au Stade, je reviens par le portique d’Echo, qui occupait presque tout le côté ouest de l’Altis, et je m’enfonce dans des broussailles, des tranchées, des tas de décombres. Je suis sorti de l’enceinte, sans m’en apercevoir, et, tout en buttant contre des conduites d’eaux, des morceaux de dallage, des cordons de briques, j’erre un peu à l’aventure sur l’emplacement du Bouleutérion, du temple d’Hippodamie et de la Maison de Néron. Je m’arrête. Cette maison de Néron me fascine comme un lieu maudit. J’essaie de la deviner d’après les contours du plan assez nettement visible. Peine inutile ! Le schéma incolore que j’ai sous les yeux ne fait qu’irriter ma curiosité, comme le