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conclu le 23 avril 1884 entre notre ministre Jules Ferry, pour la France, et le colonel Strauch pour l’Association. La veille, Léopold II avait obtenu un autre succès : le gouvernement des États-Unis, devançant tous les Cabinets européens, prescrivait à ses agens de reconnaître le drapeau bleu étoile d’or de l’Association internationale au même titre que celui d’un gouvernement ami. Les puissances étaient d’ailleurs unanimes à protester contre le traité du 24 février qui, en réalité, aurait livré l’embouchure du Congo à l’Angleterre. Devant cette attitude, le Foreign-Office renonça à soutenir plus longtemps les « droits historiques » du Portugal. Celui-ci, réduit à ses propres forces, dut recourir à la France qui se fit la médiatrice entre le Cabinet de Lisbonne et l’Association. A la même heure, Bismarck, alors l’arbitre de la politique européenne, se proclamait, au Reichstag, le champion de l’œuvre entreprise par Léopold IL II s’entendit avec nous pour porter devant l’Europe la question africaine, et réunir à Berlin les représentais de quatorze États « en vue de régler dans un sentiment de bonne entente mutuelle les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique et d’assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains (Congo et Niger) qui se déversent dans l’océan Atlantique. »

Parallèlement à la Conférence, mais en dehors de son sein, se poursuivaient, entre la France, le Portugal et l’Association internationale de laborieuses négociations qui aboutirent finalement à un compromis : le Portugal s’établit sur la rive Sud du Congo, jusqu’à la hauteur de Noki ; la France, dont les intérêts avaient été défendus avec succès par M. le baron de Courcel, notre représentant à Berlin, s’installa définitivement sur la rive Nord que Brazza avait si vaillamment conquise, en amont de Manyanga ; enfin l’Association obtint le couloir qui lui était nécessaire pour atteindre la mer et disposer des deux rives du fleuve entre Manyanga et l’Océan. Elle restait maîtresse des deux ports de l’estuaire, Banana et Borna, et pouvait en créer un troisième sur la rive Sud à Matadi. Tandis que cet accord était en train de se conclure entre les trois principaux intéressés, toutes les puissances représentées à Berlin avaient suivi l’exemple des États-Unis et de l’Allemagne, et reconnu, l’une après l’autre, l’État qui allait se constituer. Le 26 février 1885, la Conférence clôturait