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mineurs de quatorze ans, l’internement dans une école de discipline ne peut excéder six mois[1].

En résumé, le législateur néerlandais a voulu prévenir le développement du vice ou du crime, pour n’avoir pas à le réprimer plus tard. Ayant reconnu que, dans la plupart des cas, c’est la famille ou le milieu social qui porte la plus grande part de responsabilité, il s’est efforcé de soustraire l’enfant à ces influences démoralisantes, en le plaçant dans un asile ou dans une famille, sous le contrôle d’un tuteur ou d’un conseil de tutelle.

DANEMARK. — En Danemark, comme en France, les œuvres préservatrices de l’enfance ont de beaucoup devancé les lois. Dès le début du XVIIIe siècle, le roi Frédéric IV, qui a tant contribué au développement des écoles[2], établit à Copenhague un orphelinat (1714) sur le modèle de celui qu’Hermann Francke avait créé à Halle (1698). Ensuite, une maison d’éducation pour jeunes filles pauvres fut ouverte à Christianshavn (1755) par les soins de Mme Van Plessem Berkentin, la dernière dame d’honneur de la reine Caroline-Mathilde. Enfin, un simple marchand de gants d’Odensee, Jean-Mathieu Lahn, léguait par testament une grosse part de sa fortune et sa maison, pour donner asile à des enfans de cette ville, pauvres et souffreteux, principalement à des orphelins, et leur procurer une éducation, qui en fît des citoyens utiles à l’État (1802). Après un siècle, par suite du développement de l’Assistance publique et des écoles d’Odensee, la fondation Lahn a cessé d’être un orphelinat, sauf exception, pour devenir une sorte d’asile-ouvroir. Les enfans de famille indigente n’y viennent que pour y prendre deux repas et recevoir, en dehors des heures de classe, l’enseignement professionnel.

C’est de 1891 que date le mouvement législatif pour la protection des enfans négligés ou en danger moral. Une loi du 9 août de cette année, dite « loi des pauvres, » imposa à l’Assistance publique le devoir d’exercer une surveillance attentive sur la façon dont les parens assistés élèvent leurs enfans. Au cas où les parens, malgré des avertissemens répétés, leur font manquer l’école, les envoient mendier ou les maltraitent, le bureau de bienfaisance a le droit de les leur enlever pour les placer dans un autre foyer domestique.

  1. Nous devons ces renseignemens à M. Adrien Van Hamel, fils de l’éminent professeur de droit et criminaliste d’Amsterdam.
  2. Il n’y en avait pas moins de 240 sous son règne.