Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Patrimoine. Comme les autres provinces, l’Ombrie dut courber la tête. La vieille cité étrusque crut, toutefois, pouvoir, à un moment donné, secouer le joug qui s’appesantissait sur elle. Mal lui en prit. Le pape qui régnait alors, c’est-à-dire en 1540, était Paul III. Il chargea Pier Luigi Farnèse et Alessandro Vitelli d’envahir le territoire pérugin. La métropole ombrienne opposa une vive résistance, mais, abandonnée à ses propres ressources, il fallut qu’elle capitulât sans conditions. La répression fut terrible. Dix notables eurent la tête tranchée, d’autres, en grand nombre, prirent le chemin de l’exil. La ville eut encore la douleur de perdre ses privilèges séculaires.

Aux agitations que fomente et qu’entretient la liberté, succédèrent le calme et le repos. Des légats mandés de Rome gouvernèrent la province jusqu’au moment où la Révolution française provoqua dans la péninsule les perturbations que tout le monde connaît.

Napoléon donna le nom de Trasimène à un département impérial qui, confinant d’une part au royaume d’Italie, de l’autre aux départemens de l’Arno, de l’Ombrone et du Tibre, avait Spoleto pour chef-lieu. Les traites de 1814 et de 1815 rendirent l’Ombrie au Pape, qui la perdit de nouveau en 1861. Le lac de Trasimène fait aujourd’hui partie de la province de Pérouse.


VI

Les îles du lac comptaient au moyen âge une population nombreuse. Les historiens certifient qu’une flottille de barques de toutes dimensions sillonnait le Trasimène hiver comme été. C’était l’âge d’or. La décadence est venue. Il y a beaux jours que les îles Polvese et Minore sont désertes. Cette dernière, propriété du comte Baldeschi, laisse voir, au milieu d’arbustes sauvages et de broussailles, les ruines d’une chapelle et de quelques maisonnettes. L’isola Polvese, la plus importante du groupe, appartient au commandeur Cesaroni qui utilise la partie boisée pour l’élève et la chasse des faisans ; sur l’autre versant, âpre et découvert, on aperçoit les restes d’un couvent de Cainaldules.

L’isola Maggiore compte environ deux cents habitans ; une légende, empruntée à la vie de saint François d’Assise, l’a rendue célèbre dans toute la contrée.

C’était l’année 1211. François avait prêché les gens de