Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mines et des usines. Le capital nécessaire a été fourni en grande partie par des établissemens spéciaux. Contrairement à ce qui se passe chez nous où, en dehors des particuliers, une seule grande société, le Crédit foncier de France, offre aux emprunteurs sur hypothèque les sommes dont ils ont besoin, c’est une nombreuse catégorie de caisses qui sont ici à leur disposition. Nous ne ferons que mentionner les associations de grands propriétaires qui, sous le nom de Landschaften, ont organisé depuis longtemps le crédit territorial mutuel, et les Landbanken et Landkassen qui fournissent des ressources à la propriété moyenne en créant des lettres de gage. Nous mentionnerons plus spécialement les banques par actions, qui, sous le nom de Hypothekenbanken, sont constituées avec des capitaux considérables et se procurent ensuite, au moyen de l’émission d’obligations, les milliards qu’elles avancent aux propriétaires[1]. Au 31 décembre 1906, les 37 principales banques hypothécaires, dont le capital atteignait près de 800 millions de marks, soit un milliard de francs avaient des créances pour 9092 millions de marks et pour 8775 millions d’obligations en circulation. Ces chiffres représentaient un progrès d’environ 20 pour 100 en quatre ans et le triple à peu près de ceux qui leur correspondent dans le bilan du Crédit foncier de France.


IV

L’industrie allemande a été, plus encore que la banque, le facteur déterminant des progrès réalisés par nos voisins ; elle a fixé l’attention du monde et provoqué la jalousie des Anglais, qui ont trouvé en elle leur plus redoutable concurrent européen. Nous avons déjà, dans les pages qui précèdent, indiqué à grands traits l’évolution rapide qui, en un quart de siècle, a fait de l’Allemagne le second État industriel du globe, au moins en ce qui concerne l’industrie sidérurgique, laquelle sert en général de point de comparaison. Elle produit en ce moment

  1. Ces établissemens sont mêlés d’une façon directe au mouvement financier du pays, parce qu’ils puisent sur le marché les sommes dont ils ont besoin pour les prêter à leur tour aux propriétaires, acquéreurs ou constructeurs d’immeubles. Nul plus qu’eux ne désire l’abondance des capitaux ni ne souffre de leur rareté ; c’est ainsi qu’en 1906 il a été admis à la cote de Berlin deux tiers en moins d’obligations hypothécaires qu’en 1905, ce qui indique la difficulté que les banques ont éprouvée à les vendre.