Le marbre noblement y résonne aux talons,
Se dispose en façade et se découpe en frise
Et, d’un vol sans essor en l’air bleu qui l’irise,
Unit des ailes d’aigle à des corps de lions,
Vous avez parcouru la Ville inextricable,
Si belle en ses canaux que la lagune ensable,
Et, de tant de beauté, n’emporterez-vous pas,
Dans un long souvenir d’ardeur et de mollesse,
Ce doux regret, mêlé de désir, qu’au cœur laisse
Le charme d’un amour qu’on ne satisfait pas ?
Dans la chambre déserte, auprès de l’âtre éteint,
Où l’air silencieux a l’odeur de l’absence,
Je viens lire, l’esprit plein d’espoir et de transe,
Chaque lettre de toi qu’apporte le matin ;
Le timbre qui la marque est d’un pays lointain.
Mais que me font le temps, l’espace et la distance ?
Le papier parle, rit, soupire, pleure, pense ;
Un fantôme s’esquisse au miroir incertain.
O miracle ! Le feu sous la cendre vermeille
Renaît ; la flamme luit, palpite, se réveille.
Il me semble t’entendre et que je te revois,
Car, par un cher prestige où mon cœur s’émerveille,
La lettre, le miroir, me rendent à la fois
L’écho de ton image et l’ombre de ta voix.