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Guerrier, son casque, avec couvre-nuque et nasal,
Montre damasquinée en son riche métal,
L’arabesque sans fin qui renaît d’elle-même,

Et, dans l’acier où l’or aux lettres resplendit,
On peut lire en relief des versets de poème,
L’un, entre autres, tiré du Bostan de Sâdi.


LES MÉDAILLES


Regarde. Dans l’argent, l’électrum ou l’airain,
Ou dans l’or pur, selon le pays ou la ville,
Tu peux voir — qu’y fixa la frappe indélébile —
Le symbole civique ou l’attribut divin.

Ces médailles, trésor que soupèse ta main,
Que leur relief soit fruste ou soit parfait leur style,
Pièces à fleur de coin de Grèce et de Sicile,
Pentadrachme, statère, obole, tout est vain.

Egine, Cos, Chalkis, Cyzique, Syracuse,
Tarente ! Le comptoir aujourd’hui les récuse ;
Le temps ne leur laissa que leur seule beauté ;

Si bien que leur métal pur comme un rythme d’ode
En porte encor, peut-être, avec plus de fierté,
L’Epi de Métaponte ou la Rose de Rhodes.


LE SALAIRE


Tout le jour, sur le flot du changeant Hellespont
Qui tantôt veut la rame et tantôt la voilure,
Pêcheur, fils de pêcheurs, il a sans un murmure,
Relevé les filets et lancé le harpon.

Au soleil, la sueur lui coula du menton ;
Plus d’une fois l’écaille écorcha sa peau dure,
Mais dans sa barque, au soir, s’entassent le silure,
La sole, le turbot, le rouget et le thon.