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drapeaux ; sur le pied de guerre, 190 000 ; en y comprenant toutes les classes de la réserve et de la territoriale, on arrive à 320 000 hommes. Ces troupes sont réparties en neuf divisions d’infanterie à quatre régimens, qui deviennent, en temps de guerre, neuf corps d’année, avec neuf régimens d’artillerie à cinquante-quatre pièces, sans compter l’artillerie de montagne, et quatre régimens de cavalerie. Toute l’artillerie est neuve : on sait qu’elle a été récemment achetée au Creusot. Les troupes font de fréquentes manœuvres et sont très entraînées : officiers et soldats sont animés du meilleur esprit. Que serait le haut commandement ? On dit généralement que les généraux ne sont pas encore tous au courant de la stratégie et de la tactique modernes ; mais ils ont à côté d’eux des officiers d’état-major, formés en France, en Allemagne, ou même à l’École militaire de Sofia, qui pourraient au besoin les éclairer et les guider, comme cela s’est passé, dit-on, pour quelques chefs japonais dans la dernière guerre. En tout cas, l’armée bulgare a confiance dans son prince ; elle a la foi patriotique, la volonté de vaincre ; elle est bien outillée ; elle est donc une force.


V

Nous n’avons jamais espéré tracer ici, en si peu de pages, un tableau complet des progrès de la Bulgarie depuis sa libération ; nous n’avons même pas pu esquisser tout le travail législatif si remarquable, accompli par les différens ministères et par le Sobranié, qui a doté la Bulgarie de toutes les institutions et de tous les organes nécessaires au fonctionnement d’un État moderne. Nous avons cherché seulement à donner cette impression que la Bulgarie, même isolée, est de taille à jouer, dans l’histoire présente et future de la péninsule des Balkans, un rôle de premier plan. Est-ce à dire que le tableau soit sans ombres, l’édifice sans lacunes, la situation sans périls ? Personne certes ne nous croirait, si nous l’affirmions. Ces dangers et ces points faibles, la meilleure preuve d’intérêt et de sympathie que nous puissions donner aux Bulgares, c’est de les indiquer, comme nous croyons les voir, sans ambages.

Les peuples jeunes, qui ont lutté longtemps pour l’indépendance et la liberté, qui ont travaillé avec ardeur, avec bonheur, à édifier, dans la fièvre et l’enthousiasme, la Cité nouvelle,