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suivante : « Entre les gouvernemens japonais et américain n’existent ni querelle ni mauvais sentimens d’aucune sorte : tout ce bavardage au sujet d’une lutte possible entre deux peuples si dévoués l’un à l’autre n’est que l’œuvre d’imaginations déchaînées. Les relations américano-japonaises ne justifient aucune anxiété. Si cette anxiété existe, elle est provoquée exclusivement par les propos d’une presse démagogique qui tend à lancer dans des transports de rage les gens les plus pacifiques. » Certains journaux anglais ayant de nouveau propagé le bruit d’un ultimatum japonais, la nouvelle fut démentie par le département d’État et l’ambassade japonaise. Puis le vicomte Hayashi, ministre des Affaires étrangères, affirma que les négociations engagées entre les deux pays se poursuivaient « dans un esprit de parfaite concorde. » Dans la seconde quinzaine d’août, la première division de la flotte américaine du Pacifique, composée des croiseurs Pensylvania, Colorado, Virginia et Maryland, qui revenait des Philippines, vint passer six jours à Yokohama et y fut très correctement reçue. La « parfaite concorde » dont avait parlé le vicomte Hayashi n’allait pas jusqu’à la cordialité. Mais un homme d’État américain, dont on s’accorde à reconnaître le sympathique entrain, M. Taft, allait se charger, en se rendant à Tokyo, de briser la glace des préventions réciproques au milieu de la chaleur, — communicative, comme on sait, — des banquets officiels.

M. Taft, secrétaire d’État à la Guerre, est un homme de pacifique humeur, qui séduit par sa rondeur, sa franchise et sa bonne grâce. Il s’en allait aux Philippines, qu’il connaît bien pour les avoir naguère administrées. Il décida de faire aussi une visite au Japon, d’aller voir par lui-même ce qu’on disait là-bas des États-Unis, et, si possible, ce qu’on en pensait ; d’expliquer enfin en quelques paroles nettes ce que voulait le cabinet de Washington. Arrivé au Japon à la fin de septembre, il y fut accueilli de la façon la plus flatteuse. Une foule respectueuse le salua, quand il débarqua à Yokohama. Et comme il fut accueillant à tous les reporters empressés à sa rencontre, il eut une presse excellente, qui rendit hommage, en sa personne, à la loyauté du gouvernement de l’Union. Il eut ensuite une série d’entretiens avec des personnalités notables, d’abord avec son collègue, le général Teraoutchi, ministre de la Guerre, puis avec le comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères, enfin avec le