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Les catholiques n’ont pas voulu faire d’associations cultuelles ; c’est donc leur faute si... etc., etc. — Et cela a suffi pour faire rejeter l’amendement. Alors, tout a été fini ; le gouvernement a triomphé sur toute la ligne ; la loi a été votée à peu près telle qu’il l’avait présentée. Grâce, toutefois, à une distraction du ministre, M. de La Batut a réussi à y faire entrer une disposition qui met à la charge des communes les frais, non seulement de conservation, mais encore d’entretien des édifices religieux. Frais de conservation, soit, a dit après coup M. Briand ; mais d’entretien, non. Il se propose de reprendre la question devant le Sénat. A dire vrai, nous ne voyons pas très bien comment on peut conserver sans entretenir, et nous nous demandons à qui doivent incomber les frais d’entretien, si ce n’est pas au propriétaire, c’est-à-dire à la commune. Ils auraient pu incomber au locataire, s’il y en avait un ; mais il n’y en a pas. On se rappelle qu’au moment où un contrat de bail allait aboutir entre la préfecture de la Seine et l’archevêché de Paris, le gouvernement, qui s’était d’abord prêté à la négociation, l’a fait brusquement échouer. Dès lors, le curé n’a pas plus de droit dans l’église où il dit la messe que le premier venu qui y entre et qui en sort. Sa situation y est trop précaire pour qu’il puisse y faire des frais quelconques. M. le ministre des Cultes, dans une lettre récente qu’il a écrite à M. le préfet de la Seine, a paru croire que ces questions étaient réglées ; elles ne le sont pas. Elles pourraient l’être aisément, si on s’y prêtait de part et d’autre ; malheureusement, soit du côté de l’Église, soit du côté de l’État, on ne s’y est prêté que d’une manière intermittente, et rien n’a été fait.

Pour en revenir à la loi votée, elle est vraiment une tare sur la République. Les catholiques parlent de spoliation ; l’histoire ne les contredira pas. Si même on se place à un autre point de vue que le leur, à celui du droit, il faut bien reconnaître que toutes les règles en ont été violées avec une obstination froide et impitoyable qu’on ne saurait trop sévèrement qualifier. Il semble, à en juger d’après quelques-unes des paroles qui ont été prononcées dans ce débat, qu’on veuille empêcher l’Église de vivre et les églises de durer. Le Briand d’autrefois ne s’est retrouvé qu’à un moment : c’est lorsque M. Guieysse, revenant à son idée fixe, a proposé de nouveau de mettre les églises catholiques à la disposition de tous les cultes qui voudraient s’y réfugier. M. Briand a maintenu le principe que les églises devaient rester affectées au seul culte qui y était célébré avant la séparation, et il a traité sans le moindre respect M. Guieysse et son idée. M. Guieysse a été battu ; son amendement n’a même réuni