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de Sully, qui resta parmi ceux de la religion que le roi ne put « ployer à quelques honnêtetés, » dignes d’un tout autre nom, sont bien faits, ainsi que tous ces tableaux, pour frapper les jeunes imaginations et leur mettre sous les yeux des spectacles qu’ils n’oublieront plus.

Dans l’histoire des grandes explorations, les expéditions comme celle de la Discovery, conduite au Pôle Sud par le capitaine Robert Scott, montrent ce que peuvent la volonté et le sang-froid unis au courage et à la persévérance.

C’est un tout autre voyage, que celui du prince Scipion Borghèse, De Pékin à Paris[1], et qui, s’il n’a pas le même intérêt au point de vue scientifique, n’en est pas moins remarquable dans sa nouveauté ; puisqu’en soixante jours l’intrépide chauffeur a pu voir d’une automobile la moitié du monde en passant, en dépit des obstacles, par toutes les plus dures épreuves de locomotion, de climat et de température. Les vues prises en cours de route ajoutent à l’originalité du parcours qu’a accompli de son côté M. Cornier dans le Raid Pékin-Paris[2], et M. Jean du Taillis, en sens inverse, de Paris à Pékin[3]en quatre-vingts jours. Le Journal d’un Cosaque du Transbaïkal[4], illustré d’après les photographies et les dessins de l’auteur, le colonel A. Kvitka, est la tragique iliade de la guerre russo-japonaise, le commentaire saisissant des actions héroïques où il fut mêlé dans la campagne de Mandchourie. Pour bien connaître l’origine de cette guerre, les causes de la Crise Russe[5]et ses conséquences, il faut lire le livre de M. Paul Milioukov.

Ceux qui aiment les aventures émouvantes, les drames terribles, auront de quoi contenter leur goût dans le récit, écrit d’après des documens originaux, de la Vie de Mandrin[6], l’un de nos brigands les plus sympathiques, l’un de ceux que la France a, paraît-il, le droit de revendiquer, et dont l’histoire se rattache à celle de la Ferme et des fermiers généraux aussi étroitement que la corde au pendu. Le capitaine général des contrebandiers de France laissa d’ineffables souvenirs dans les lieux où il passa, depuis la maison où il naquit, à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, jusqu’au château où il fut pris à Rochefort-en-Novalaise, le « château Mandrin, » comme on l’appelle encore. La recette buraliste de Craponne, qu’il a dévalisée, la rue du Consulat au Puy, où il a pris d’assaut l’entrepôt des Fermes, la Chaise-Dieu qu’il a « visitée » deux fois, les rives de l’Arroux, où il a ramassé d’un heureux coup de filet trente-sept séminaristes, les champs de

  1. Hachette.
  2. Delagrave.
  3. Félix Juven.
  4. Plon.
  5. Librairie universelle.
  6. Hachette.