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MM. Homolle, Pottier, Collignon, — ce dernier, à qui nous devons les monographies sur Phidias[1], Scopas et Praxitèle[2], — M. Lechat et M. Perrot ont établi cette vérité jusqu’alors si discutée. M. Marcel Dieulafoy, à son tour, a savamment expliqué comment les écoles de sculpture espagnoles, manifestant leur unité et accusant leur personnalité en face des écoles étrangères, sont toujours restées fidèles à la statuaire peinte. Leur prédilection pour le bois et la polychromie était bien raisonnée : dans leur esprit, comme dans celui des artistes grecs du Parthénon, bien loin de nuire à la forme, la couleur pouvait lui être associée pour le plaisir des yeux et dans un sentiment de respect pour la beauté véritable et parfaite.

A l’histoire de l’art se rattache la nouvelle série des Chefs-d’œuvre des Grands Maîtres[3], qui déroule sous nos yeux les peintures les plus célèbres et les plus caractéristiques du XIXe siècle, collection d’admirables estampes, qui met à la disposition de tous, sans exclusion à l’égard d’aucune école, les plus beaux tableaux de notre temps, reproduits dans des gravures d’une fidélité merveilleuse.

Et si l’on veut connaître toutes les écoles de la Peinture anglaise[4], suivre sans trop d’efforts les grandes lignes de son évolution de ses origines à nos jours, de Nicolas Hilliard, le peintre de la reine Elisabeth, et de Dobson, jusqu’à George Henry et Wilson Steer, c’est au livre de M. Armand Dayot qu’il faut avoir recours, à cette étude aussi méthodiquement composée que clairement et agréablement présentée, avec autant d’érudition que de goût. L’Angleterre est demeurée pendant longtemps en arrière des autres pays d’Europe pour la culture des Beaux-Arts, et la renommée de l’école anglaise date en réalité du XVIIIe siècle, de William Hogarth, de Joshua Reynolds, de Gainsborough et de sir Thomas Lawrence, qui ont excellé a exprimer le caractère et l’individualité de leurs modèles. Puis ce furent, à la suite de la réforme de l’école due à Ruskin, les préraphaélites qui affectaient d’imiter la manière des Van Eyck, des Memling, des Masaccio, de Giotto, et dont les tableaux montrent le goût pour la recherche, la prétention à la profondeur, mêlés à beaucoup d’inexpérience. En parcourant cette galerie des maîtres britanniques, on jugera des tendances nouvelles de l’école moderne, de ses manifestations diverses depuis un demi-siècle et de ses progrès, car si elle reste encore bien souvent raide et prétentieuse, virulente de tons, avec des incorrections de dessin et des licences qui passent la

  1. Plon.
  2. Plon.
  3. Hachette.
  4. Lucien Laveur.