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en être de même aujourd’hui ? En France même, les départemens qui donnent le plus fort contingent de colons disposés à partir pour l’Algérie, sont précisément ceux qui sont restés les plus catholiques. Déjà, dans certaines localités, les curés cherchent à détourner leurs ouailles de l’émigration, même en terre française ; que sera-ce lorsqu’ils pourront leur affirmer en toute vérité que, dans la nouvelle patrie où l’on voudrait les attirer, ils ne trouveront, à cent kilomètres à la ronde, ni une église ni un prêtre ? Le gouvernement général reçoit très souvent des lettres de Français, disposés à venir en Algérie, qui demandent si dans tel village le service du culte est assuré : que pourra-t-il répondre sous le régime nouveau ? Les localités qui, jusqu’à présent, accordaient une subvention à un prêtre du voisinage pour venir desservir leur église, ne le pourront plus, aux termes de la loi et du décret du 27 septembre.

Tous ces périls, toutes ces difficultés n’ont certainement pas échappé à l’homme expérimenté qui gouverne l’Algérie ; mais lui-même, avec la meilleure volonté d’y porter remède, y serait impuissant. Il est lié par les lois et par le décret qui les rend applicables à l’Algérie ; il ne peut empêcher, même en faisant la plus large application des dispositions de l’article 11, c’est-à-dire en accordant pendant dix ans des allocations à tous les curés et desservans actuellement en fonctions, qu’une forte part du budget des cultes ne soit supprimée[1]. Certes on peut invoquer en toute vérité « un intérêt public et national » pour accorder à tous les ministres exerçant un culte public « des indemnités temporaires de fonction » n’excédant pas 1 800 francs,

  1. Budget du culte catholique en Algérie :
    1 archevêque 15 000 francs.
    2 évêques 20 000 —
    18 curés (à 2 400 francs) 43 000 —
    7 vicaires généraux (à 3 000 francs) 25 200 —
    3 chanoines (à 2 400 francs) 7 200 —
    245 desservans (à 1 800 francs) 441 000 —
    109 vicaires ou prêtres auxiliaires (à 1 800 francs) 196 200 —
    Interprètes 6 300 —
    Frais de déplacement 2 800 —
    Secours ecclésiastiques 4 500 —
    Mobilier des évêchés 1 000 —
    Entretien des édifices diocésains 10 000 —
    Grosses réparations 10 000 —
    Secours pour construction ou réparation d’églises et de presbytères 30 000 —
    Total 812 200 francs.


    (La construction des églises dans les centres nouveaux de colonisation était imputée sur les crédits de la colonisation.)