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Il n’est pas inutile de rappeler ici que ces compagnies dites de trust tiennent une place importante dans la vie financière américaine. Elles n’ont d’ailleurs que le nom de commun avec les grands trusts industriels, tels que ceux du pétrole, du sucre, du tabac, qui ont pour objet la monopolisation totale ou partielle de la production et du commerce d’une marchandise déterminée. Les trust companies dont nous parlons sont des banques qui ont pour mission de recevoir les capitaux en dépôt et aussi de gérer la fortune de particuliers qui la leur confient à cet effet, soit pour eux, soit pour leurs descendans. Elles disposent souvent de sommes considérables et ont besoin de directeurs à la fois honnêtes et capables, pour bien employer leurs ressources, faites presque exclusivement du patrimoine d’autrui. Elles sont naturellement l’objet de sollicitations constantes de la part de toutes les compagnies qui ont besoin d’argent ; elles sont une proie tentante pour les lanceurs d’affaires qui, lorsqu’ils ont réussi à se rendre maîtres d’une trust company, se servent de ses ressources au profit des entreprises patronnées par eux. C’est ainsi que le groupe de la United Copper avait réussi à mettre la main sur plusieurs établissemens de ce genre.

A côté des trusts companies existent des banques particulières qui ne se distinguent pas essentiellement de celles des autres pays ; des banques d’épargne dont le titre indique l’objet (savings-banks) ; des banques constituées sur les divers points du territoire en vertu de la législation des États particuliers (state banks) ; et enfin des banques dites nationales (national banks) qui sont organisées conformément aux lois fédérales. Ces dernières, aujourd’hui au nombre de plus de 6 000, jouent un rôle particulièrement important, parce qu’elles ont le droit d’émettre des billets gagés par des rentes fédérales qu’elles sont tenues de déposer à Washington en garantie : elles sont étroitement surveillées : un fonctionnaire fédéral, le contrôleur de la circulation, les soumet à des inspections et vérifications constantes, réunit leurs rapports, veille à l’exécution stricte des statuts et de la loi.

L’ensemble de ces cinq catégories d’établissemens atteint le chiffre de 22 000 environ, et celui des dépôts du public qu’ils ont entre les mains ne s’élève pas à moins de 60 milliards de francs environ. Point n’est besoin d’insister sur l’énormité de cette somme pour comprendre que tout ce qui touche le crédit des