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cette belle efflorescence de charité a été la recherche intelligente des vrais besoins et l’emploi des méthodes scientifiques dans l’art de les apaiser. Gens du monde, — hommes et femmes, — économistes et financiers, moralistes, magistrats, avocats, heureux de faire un emploi nouveau de leur expérience professionnelle, se sont unis aux habituels représentans de la charité toute religieuse. Assurément ils n’avaient inventé ni la pitié, ni la bienfaisance, ni l’étude raisonnée des misères humaines, ni la collaboration toujours nécessaire des laïques avec l’un et l’autre clergé ; mais ils appliquèrent le tout, avec une attention renouvelée, aux misères dont nous parlons. C’est de là que sont sortis et le développement de l’assistance par le travail, et le développement des maisons hospitalières, et les comités de défense des enfans traduits en justice et les offices centraux des œuvres de bienfaisance et ces patronages qui, de 400 qu’ils étaient en 1850, étaient arrivés à près de 1 300 en 1896.

Venons à l’action publique. Elle avait beaucoup à faire. Elle fit quelque chose de bon pour l’adoucissement de certaines formes de la répression appliquées aux deux catégories extrêmes, à celle des jeunes coupables et à celle des vagabonds déjà vieillis. Elle fit passer dans la catégorie des moralement abandonnés, confiés à l’Assistance publique ou à la charité de certaines œuvres, un très grand nombre de ces enfans qu’elle poursuivait, arrêtait, voiturait dans ses véhicules pénitentiaires traînait dans la promiscuité de ses salles d’audience et finalement incarcérait de manière à les corrompre encore davantage. Elle se dit d’un autre côté qu’il devait y avoir des vagabonds intéressans ; que le seul fait de manquer de travail, de ressources et de domicile ne devait point passer nécessairement pour un délit[1]. Ces deux pensées étaient excellentes. Il a été établi dans la Revue[2], — on me permettra de le rappeler, — que l’assistance est une aide nécessaire de la véritable répression, — si surtout on entend le mot dans toute la largeur de son acception primitive. Seulement, pour que le mélange de l’une et de l’autre produise des résultats solides et durables, il faut plusieurs conditions.

  1. Je ne parle pas d’autres mesures qui resteront l’honneur de ceux qui les ont inspirées, comme la loi de sursis, destinée à être le salut des délinquans accidentels n’ayant commis qu’un unique méfait.
  2. Voyez Assistance et Répression dans le numéro du 1er septembre 1905.