Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y lit-on, que le Conseil des ministres ait désavoué dans la moindre mesure le ministre des Finances, en raison de ses déclarations à la Commission de législation fiscale. L’accord demeure complet entre tous les ministres sur la question de l’impôt sur le revenu et sur la méthode que suit le ministre des Finances pour la mener à bonne fin. Les déclarations qu’il a faites à la Commission de législation fiscale ont d’ailleurs reçu l’approbation unanime du gouvernement. » Comprendra qui pourra ! M. Caillaux retire-t-il, ou nie-t-il les déclarations qu’on lui a attribuées devant la Commission de législation fiscale, et n’est-il plus d’accord avec M. Jaurès ? Nous aimerions à le croire, mais il est plus prudent de ne rien croire du tout et d’attendre les événemens. Une troisième note, répétition entortillée de la seconde, n’a fait qu’aggraver l’imbroglio.

La seule conclusion à tirer de ce qui précède est que la discussion de l’impôt sur le revenu, lorsqu’elle viendra devant la Chambre, sera plus laborieuse qu’on ne l’a cru, et qu’elle nous réserve bien des surprises. Des questions que l’on croyait claires et simples apparaîtront, au contraire, très obscures et très compliquées. On s’apercevra que des hommes qui semblaient d’accord sont, au contraire, aux antipodes les uns des autres. Des ententes momentanées se feront sur une équivoque, et seront suivies de divergences plus durables. Les heures, en se succédant, — nous ne parlons même pas des jours, — verront nos ministres parler dans un sens, agir dans un autre, se brouiller, se réconcilier et se brouiller encore. M. Jaurès planera et pèsera sur le débat, s’appliquant à augmenter le trouble et la confusion, et menaçant, tantôt le gouvernement, tantôt la Chambre, de ses foudres qu’il dit être celles du pays. Ce sera un beau spectacle ! Il est déjà commencé, mais comment se terminera-t-il ? La Chambre votera, avant les élections, un impôt sur le revenu quelconque, pour pouvoir dire qu’elle l’a voté ; le projet ira ensuite au Sénat où il deviendra ce qu’il pourra ; mais quelle en sera l’autorité devant le Parlement qui l’aura fait, et devant le pays qui l’aura vu faire ? Nous ne sommes qu’au début, et il promet.


Les élections russes se sont faites dans un calme qui venait en grande partie de l’indifférence. Ce sentiment s’est traduit par l’abstention d’un très grand nombre d’électeurs ; dans certains endroits, cette abstention s’est étendue à la presque totalité du corps électoral ; en aucun temps, en aucun pays, le phénomène n’avait été aussi complet. Il faut l’attribuer sans doute, avant tout, au