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maladies. Une deuxième caisse existe, dite des retraites, et divisée en deux :

Tout d’abord une caisse alimentée par un versement de six francs que fait chaque ouvrier et qui donne à chacun d’eux un livret individuel de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, livret qui est sa propriété ; ensuite, une caisse spéciale d’allocations de retraites alimentées par un versement de douze francs par tête d’ouvrier et par an que font pour un tiers le propriétaire et pour deux tiers les fermiers. Ces allocations doivent grossir la caisse qui fournit le livret individuel. Une troisième caisse enfin, dite de transition et d’invalidité, et réservée aux ouvriers qui ont aujourd’hui quarante ans, est alimentée par un versement de six et douze francs que font le propriétaire et le fermier ! Avant de se prononcer sur cette forme de la mutualité, il convient de la voir vivre : or, la mutualité professionnelle de l’Oise n’a commencé à fonctionner qu’en octobre 1900.


Un étranger de marque, de passage à Paris, assistait un soir à une réception fort brillante. Les femmes portaient les plus belles toilettes, les plus beaux bijoux ; la conversation était vive, spirituelle ; on parlait théâtre, mode, littérature. Il ne put s’empêcher de sourire, et tout en admirant la beauté, l’élégance et le charme de celles qu’il observait, il insinua qu’il reconnaissait bien là cette futilité des Parisiennes, proverbiale dans toute l’Europe. La maîtresse de la maison, lui désignant au hasard une de ses invitées, puis une autre, et une autre encore, lui exposa brièvement, pour toute réponse, quelles avaient été, dans la matinée et dans l’après-midi, les occupations de chacune. Celle-ci vivait au milieu des enfans du peuple ; celle-là, infirmière brevetée, dirigeait un dispensaire de tuberculeux ; cette troisième enseignait aux petites filles d’un quartier lointain la science ménagère ; cette dernière demeurait tout le jour dans une « résidence sociale » à répondre aux demandes de secours moral et matériel que lui adressaient les femmes d’ouvriers… Il apprit ainsi, avec un grand étonnement, que cette apparente frivolité cachait non seulement la conscience parfaite des devoirs qui incombent aux heureux de ce monde, mais un dévouement continuel, un zèle jamais lassé, et le savoir réel des formes nouvelles dans lesquelles aujourd’hui il faut pratiquer le précepte chrétien : « Aimez-vous les uns les autres. »