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ruinés par l’air empoisonné de la mine et de l’usine : tandis que l’autre pourra refuser un repos qu’il jugera prématuré ; c’est l’homme des champs. » Il faut donc encourager les syndicats à créer pour leurs membres, ou plutôt à pousser leurs membres à créer des sociétés de secours mutuels ; là où il existe des unions de syndicats, créer une organisation de secours mutuels qui les englobe tous ; là où il n’existe pas de syndicats, créer des sociétés de secours mutuels en tenant compte des besoins des travailleurs d’une certaine profession.

Une objection cependant se présente aussitôt à l’esprit. S’il est facile de faire entrer dans une mutualité toute une famille, combien sera-t-il difficile souvent de trouver un assez grand nombre d’ouvriers exerçant la même profession, pour les grouper ! Dans certains centres industriels l’on y parviendra, car là beaucoup d’hommes exercent le même métier, mineurs, par exemple, métallurgistes, tisseurs ou chaudronniers. Mais dans la plupart des petites localités, et souvent même dans des villes importantes, on ne trouvera que quelques individus exerçant le même métier. Dans un village par exemple, il n’y aura qu’un maréchal, qu’un cordonnier, qu’un bourrelier… dans une ville il y aura cinq ferblantiers, quatre plombiers, six serruriers… des mutualités composées de si peu de membres n’auraient pas assez de ressources pour vivre. En outre, peu nombreuses sont les familles où la femme et les enfans aient le même métier que le père. Alors comment une mutualité pourra-t-elle être ensemble familiale et professionnelle ? L’Union mutualiste des Françaises ne nie pas la valeur de cette objection qu’au reste elle avait prévue et dont elle constate par l’expérience la vérité. Aussi, ne pose-t-elle pas en principe absolu la nécessité de la base professionnelle. La mutualité familiale : voilà son principe absolu et un principe dont l’application peut être sans peine constante, et elle ajoute : la mutualité professionnelle, quand cette mutualité sera possible. M. Dedé, secrétaire du Comité technique, avoue que la possibilité s’en est rarement offerte.

L’Union mutualiste cependant a pu dans l’Oise, où les ouvriers agricoles abondent, établir en juillet 1906 une mutualité professionnelle qui est en même temps une mutualité familiale. Cette mutualité a été constituée de la façon suivante. Les cotisations payées par les participais sont majorées d’un tiers par les fermiers et forment une première caisse, dite de