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Chose (édition pour la jeunesse) ; comte d’Haussonville, Misères et salaires de femmes ; Boissier, Mme de Sévigné ; Perreyve, la Journée des malades ; Legouvé, l’Art de la lecture ; Fromentin, les Maîtres d’autrefois ; Chateaubriand, Itinéraire.

Une idée éveille toujours une autre idée. Mme Jean de Castellane, en s’occupant d’organiser l’œuvre des bibliothèques, en est venue à penser qu’il faudrait aussi lutter contre la diffusion à l’étranger des mauvais livres français. Je me souviens avoir été, dans un voyage en Italie, désagréablement étonné et très honteux en voyant, aux meilleures places, dans les étalages des libraires installés à Milan sous les galeries Victor-Emmanuel, des livres français d’une valeur littéraire nulle, et uniquement pornographiques. C’était là ce qui représentait notre littérature : des volumes égrillards, obscènes même, avec des couvertures suggestives. Ce qui se passe à Milan se passe un peu partout hors de nos frontières. Ainsi s’accroît la mauvaise et fausse réputation que nous avons chez nos voisins et chez les voisins de nos voisins. Mais comment remédier à ce mal ? Pourra-t-on s’entendre avec les grands éditeurs et les amener à envoyer leurs livres aux libraires étrangers avec une plus forte réduction ? Créera-t-on une sorte de ligue qui, par tout un système de correspondans, signalera à ces libraires les bons livres, et par bons livres, j’entends les livres qui ont à la fois une valeur littéraire et une valeur morale, ou qui sont tout au moins littéraires, sans être immoraux ? Créera-t-on sur le modèle des bibliothèques Taine une société de bibliothèques pour l’exportation ? Ce ne sont là encore chez Mme de Castellane et ceux dont elle réclame l’aide que des intentions, des recherches, des études. Mais le bien à accomplir dans ce sens est trop réel, pour qu’aucun des Français qui ont à cœur notre bonne renommée, puisse se désintéresser de cette tentative.


Dans ce long voyage à travers les œuvres féminines, on a pu constater la façon toute moderne dont les femmes conçoivent l’action qu’elles doivent exercer. Assistance et non bienfaisance, tel est le principe qui règle leurs efforts, et elles adoptent, elles élargissent même, avec une intelligence peut-être encore plus remarquable que leur zèle, les formes les plus récentes, les plus hardies, et, si je ne craignais d’employer un mot bien gros, les plus socialistes de l’assistance. Or, parmi ces formes si