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jetant sur les chats, et ceux-ci en traquant les souris, nous donnent-ils une idée de ce que fut l’impérialisme de race entre les variétés humaines. L’invention du mot nouveau consacre donc simplement la reconnaissance d’une loi éternelle, d’une loi de nature et de vie. Est-ce à dire qu’en cherchant à le définir, on risque de perdre son temps en vaines logomachies ? Je ne le crois pas : il est non d’avoir des idées toujours plus claires sur les conditions de notre existence, et il faut profiter de chaque occasion pour les éclaircir davantage. La reconnaissance de l’Impérialisme, celle de ses transformations récentes, l’examen des rapports qu’ont les sens nouveaux du mot avec ceux qu’il a successivement revêtus, tout cela contribuera pour une part à nous mieux expliquer les événemens de l’histoire ou du temps présent. Qu’on cherche des solutions pacifiques aux conflits que provoquent tous les « impérialismes, » c’est à coup sûr œuvre méritoire et l’honneur de notre temps. Mais qu’on n’oublie pas pour cela que ces conflits tiennent à des tendances qui n’ont jamais changé que d’objets. Nous sommes fondés à croire qu’il en sera de même jusqu’au terme des périodes historiques dont notre esprit ne peut pas dépasser le calcul : le mot « impérialisme » disparaîtra peut-être de nos langues modernes ; les besoins et les sentimens qu’il exprime ne disparaîtront pas plus de nos cœurs que de nos corps.


EDOUARD ROD.