Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vont porter le bon renom de la France et propager sa langue, sa littérature, sa civilisation.

Depuis la brillante université de Beyrouth, dirigée par les Jésuites, et dont Gustave Larroumet écrivait : « Il n’y a pas une grande ville de France dont les institutions d’enseignement supérieur soient mieux outillées, » jusqu’aux humbles maisons où, dans les petites villes désolées de l’Arménie ou de la Macédoine, les filles de Saint Vincent de Paul distribuent, sans distinction de nationalité ni de foi, un peu d’instruction, quelques soins médicaux et beaucoup de charité, toute une hiérarchie d’institutions scolaires et hospitalières relèvent de la France ou de sa protection. En vertu de traditions séculaires et de traités formels, des populations entières, telles que les Maronites du Liban, les Grecs Melchites, les Chaldéens et les Arméniens unis, forment la clientèle du Protectorat français dont se réclament aussi, en vertu des instructions toujours en vigueur du Saint-Siège, la plupart des grands ordres internationaux, auxquels est confié le haut contrôle et la police des Lieux-Saints. L’élite des clergés catholiques indigènes d’Orient est formée dans des séminaires français. C’est cet ensemble incomparable d’œuvres, d’institutions, de droits et de privilèges dont, sous prétexte de laïcité, quelques politiciens rêvent de miner les fondemens, qui assure à la France, dans l’Empire ottoman, une énorme avance sur tous ses concurrens. Les écoles de l’Alliance Israélite universelle ont adopté le français comme base de l’éducation ; les écoles turques, grecques et même italiennes l’enseignent. Si nous ne nous abandonnons pas nous-mêmes, si nous prenons la peine de soutenir nos écoles, d’en créer de nouvelles, — laïques si l’on veut, pourvu qu’il soit constaté qu’elles peuvent réussir et rendre des services, et que leur création ne soit pas un prétexte pour retirer aux autres l’appui du gouvernement, — le français restera définitivement intronisé en Orient comme la langue de la haute culture, de la politesse, des affaires, des relations internationales, de la civilisation.

Nulle part au monde il n’existe un pays où les étrangers, et en particulier les Français, — il est bon qu’ils ne l’oublient pas, — trouvent un sort plus enviable et où, en dépit de quelques lenteurs et de certaines tracasseries, ils peuvent travailler plus librement et réaliser de plus beaux bénéfices. Dans aucune de leurs colonies les Français n’ont engagé des capitaux aussi