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Lord Cowley connaît les points de vue auxquels j’envisage les questions qui forment l’objet ou le prétexte des divergences d’opinion qui subsistent entre nous et la France ; il sait aussi que nous sommes disposés à contribuer à leur solution dans l’esprit le plus conciliant, en tant qu’on n’exige pas de nous des sacrifices que ne saurait porter aucune Puissance qui se respecte. Je forme des vœux pour que Votre Majesté puisse tirer parti des élémens que lui apportera son ambassadeur, dans l’intérêt du maintien de la paix que nous avons également à cœur.

Mais quelles que soient les chances ou les épreuves que l’avenir nous réserve, j’aime à me livrer à l’espoir (sic) que rien ne portera atteinte aux rapports d’amitié et d’union que je suis heureux de cultiver (sic) avec Votre Majesté, et que ses sympathies seront acquises à la cause que je soutiens et qui est celle de tous les États indépendans.

C’est dans ces sentimens que je renouvelle à Votre Majesté l’assurance de l’amitié sincère et de l’inaltérable attachement avec lesquels je suis, Madame et chère sœur, de Votre Majesté, le bon et dévoué frère et ami.


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 26 avril 1859.

Mon très cher oncle,

Je sais à peine que dire : nous sommes complètement troublés et désorientés, par les nouvelles qui nous parviennent trois ou quatre fois par jour ! Je n’ai aucun espoir que nous conservions la paix. Bien qu’à l’origine ce soit la méchante folie de la Russie et de la France qui ait été cause de cette terrible crise, c’est la folie et l’aveuglement de l’Autriche qui vont amener la guerre maintenant[1]. Elle s’est mise dans son tort ; et les sentimens ici, qui étaient tout ce que l’on pouvait désirer, se sont absolument transformés en une sympathie ardente pour la Sardaigne. Néanmoins, nous espérons pouvoir encore jeter la responsabilité de la guerre sur la France, qui en ce moment ne veut

  1. Allusion à un traité que l’on disait avoir été conclu entre la France et la Russie. En réponse aux demandes qui leur furent adressées à ce sujet, le prince Gortschakoff et l’empereur des Français donnèrent des explications contradictoires.