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désavoué le sens qu’on leur avait donné et déclaré que personne ne pouvait discuter les droits de l’Autriche sur ses possessions en Italie. Il ne m’a pas écrit ces temps derniers, mais, il y a dix jours, je lui ai envoyé une longue lettre amicale : j’ai parlé, sans les atténuer, de nos craintes pour l’avenir, et insisté auprès de lui, afin qu’il nous aide à éviter les calamités de la guerre


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 1er mars 1859.

Mon très cher oncle,

… Les affaires sont toujours à peu près dans le même état. Lord Cowley est arrivé dimanche à Vienne, mais nous ne savons encore rien de positif. Je crains beaucoup l’entêtement de l’Autriche.

Ce serait véritablement une bénédiction, si nous pouvions faire un effort, non seulement pour empêcher la guerre aujourd’hui, mais aussi pour en supprimer les causes à l’avenir. Il n’y a que des gouvernemens italiens qui puissent amener un meilleur état de choses…


L’empereur d’Autriche à la reine Victoria.


Vienne, le 8 mars 1859.

Madame et chère sœur,

J’ai reçu des mains de lord Cowley la lettre que Votre Majesté a bien voulu lui confier et dont le contenu m’a offert un nouvel et précieux témoignage de l’amitié et de la confiance qu’elle m’a vouées, ainsi que des vues élevées qui dirigent sa politique. Lord Cowley a été auprès de moi le digne interprète des sentimens de Votre Majesté, et je me plais à lui rendre la justice qu’il s’est acquitté avec le zèle éclairé dont il a déjà fourni tant de preuves dans la mission confidentielle dont il était chargé.

J’ai hautement apprécié les motifs qui vous ont inspiré la pensée de m’envoyer un organe (sic) de confiance pour échanger nos idées sur les dangers de la situation. Je m’associe à tous les désirs que forme Votre Majesté pour le maintien de la paix, et ce n’est pas sur moi que pèsera la responsabilité de ceux qui évoquent des dangers de guerre sans pouvoir articuler une seule cause de guerre.