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même de nuire à la France. — La récente guerre avec la Russie n’a pas eu le moindre effet sur la France, si ce n’est de lui avoir coûté de l’argent. — Tandis qu’une guerre avec l’Angleterre ébranlerait toutes les parties de la France, chacune dans un sens particulier, et les dresserait toutes contre l’état de l’ordre social, et, dans ce bouleversement, l’Empire pourrait disparaître.

Il résulte de cette conversation et de plusieurs autres, que l’Empereur paraît désirer vivement venir en Angleterre rendre visite à la Reine dans l’intimité, si possible à Osborne, et au moment qui conviendrait le mieux à Sa Majesté. M. de Persigny affirme qu’il tient beaucoup à ce projet, y attache la plus grande importance : c’est aux yeux de l’Empereur le moyen d’éclairer ses propres idées, d’imprimer une direction à sa politique et d’empêcher par des communications personnelles avec la Reine, Votre Altesse Royale et le Gouvernement de Sa Majesté, ces dissensions et ces mésintelligences que l’Empereur craint devoir se produire faute de conversations.

Je crains qu’une telle visite ne soit pas très agréable à Sa Majesté, mais dans l’état d’esprit actuel de l’Empereur, et étant donné qu’évidemment il craint de voir mettre en doute, tant soit peu, la stabilité de l’alliance, je ne puis douter que l’on n’obtienne de bons résultats ou du moins que l’on n’évite beaucoup de mal en permettant à l’Empereur de présenter ses hommages à Sa Majesté, comme il l’a demandé.

J’ai discuté ce soir à ce sujet, après le Cabinet, avec lord Palmerston, qui partage tout à fait la manière de voir que j’ai pris la liberté d’exposer à Votre Altesse Royale.

J’ai l’honneur d’être, Monseigneur, le très fidèle et dévoué serviteur de Votre Altesse Royale.


Le prince Albert au comte de Clarendon.


Osborne, 21 mai 1857.

Mon cher lord Clarendon,

J’ai montré votre lettre à la Reine, qui me prie de répondre en vous disant qu’elle sera naturellement prête à faire ce qui paraîtra le mieux dans l’intérêt de l’Etat. Nous serons donc disposés à recevoir l’Empereur avec ou sans l’Impératrice, ici, à Osborne, aussi simplement qu’il le désire. Ce moment-ci