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sentimens sincères que m’inspire sa franche amitié, son esprit élevé et la droiture de son jugement.

J’ai rencontré à mon retour à Paris bien des difficultés diplomatiques et bien d’autres intervenant au sujet de mon voyage en Crimée. Je dirai en confidence à Votre Majesté que ma résolution de voyage s’en trouve presque ébranlée. En France, tous ceux qui possèdent sont bien peu courageux !

Votre Majesté voudra bien me rappeler au souvenir de sa charmante famille et me permettre de lui renouveler l’assurance de ma respectueuse amitié et de mon tendre attachement. De Votre Majesté, le bon frère.


La reine Victoria à l’empereur des Français.


Buckingham Palace, le 27 avril 1855.

Sire et mon cher frère,

Votre Majesté vient de m’écrire une bien bonne et affectueuse lettre que j’ai reçue hier et qui m’a vivement touchée Vous dites, Sire, que vos pensées sont encore auprès de nous je puis vous assurer que c’est bien réciproque de notre part, et que nous ne cessons de repasser en revue et de parler de ces beaux jours que nous avons eu le bonheur de passer avec vous et l’Impératrice et qui se sont malheureusement écoulés si vite. Nous sommes profondément touchés de la manière dont Votre Majesté parle de nous et de notre famille, et je me plais à voir dans les sentimens que vous témoignez un gage précieux de plus pour la continuation de ces relations si heureusement et si fermement établies entre nos deux pays.

Permettez que j’ajoute encore, Sire, combien de prix j’attache à l’entière franchise avec laquelle vous ne manquez d’agir envers nous en toute occasion, et à laquelle vous nous trouvez toujours prêts à répondre, bien convaincus que c’est le moyen le plus sûr pour éloigner tout sujet de complication et de malentendu entre nos deux Gouvernemens vis-à-vis des graves difficultés que nous avons à surmonter ensemble.

Depuis le départ de Votre Majesté, les complications diplomatiques ont augmenté bien péniblement, et la position est assurément devenue bien difficile, mais le Ciel n’abandonnera pas ceux qui n’ont d’autre but que le bien du genre humain.

J’avoue que la nouvelle de la possibilité de l’abandon de