Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Empire ottoman est imminente, et en vérité je ne le crois pas. Les Russes nous accusent, parce que nous avons prêché la modération, d’être trop Français, et les Français d’être trop Russes !…


La reine Victoria au roi des Belges.


Palais de Buckingham, 21 février 1854.

Mon très cher oncle,

… Je crains que la guerre ne soit tout à fait inévitable. Nous avons appris que l’empereur Nicolas n’a pas donné de réponse favorable à notre Frère Napoléon, ce qui l’a vivement désappointé, car il s’attendait à obtenir de sérieux résultats. Il est à espérer que les dernières propositions ou tentatives faites par Buol[1]ne seront pas acceptées par la Russie, car elles ne sont pas acceptables pour la France et l’Angleterre. Si la Prusse et l’Autriche se mettaient avec nous, ce que j’espère, la guerre ne serait plus que locale… Nos superbes gardes s’embarquent demain. Albert a passé l’inspection hier…


L’empereur des Français à la reine Victoria[2].


Boulogne, le 8 septembre 1834.

Madame et bonne sœur,

La présence du digne époux de Votre Majesté dans le camp français est un fait de grande signification politique puisqu’il prouve l’union intime des deux pays, mais j’aime mieux aujourd’hui ne pas envisager le côté politique de cette visite et vous dire sincèrement combien j’ai été heureux de me trouver pendant quelques jours avec un Prince aussi accompli, un homme doué de qualités si séduisantes et de connaissances si profondes. Il peut être convaincu d’emporter avec lui mes sentimens de haute estime et d’amitié. Mais plus il m’a été donné d’apprécier le prince Albert, plus je dois être touché de la bienveillance qu’a eue Votre Majesté de s’en séparer pour moi quelques jours.

  1. Premier ministre autrichien et ministre des Affaires étrangères.
  2. L’empereur des Français avait établi un camp entre Boulogne et Saint-Omer et avait invité le prince Albert à lui rendre visite au début de l’été. Le Prince s’y était rendu.