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de plus d’une tentative d’assassinat ; indépendamment décela, je dois vous confier que des complots sérieux se fomentent dans l’année. J’ai l’œil ouvert de ce côté et je compte bien d’une manière ou de l’autre prévenir toute explosion ; le moyen sera peut-être la guerre. Là encore il y a de grandes chances de ruine pour moi. Vous voyez donc bien que vous ne devez pas avoir de scrupules pour partager mon sort, les mauvaises chances étant peut-être égales aux bonnes !… »


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 8 février 1853.

Mon très cher oncle,

J’ai beaucoup à vous remercier pour vos deux si bonnes lettres du 4 et du 7 que je viens de recevoir ainsi que les intéressantes communications qui y sont jointes, et que je ne manquerai pas de vous retourner. Le petit récit de ce que l’Empereur a dit à l’Impératrice est très curieux et conforme à ce que j’ai moi-même appris : il est beaucoup plus préoccupé qu’autrefois du danger de sa situation. Le portrait de la jeune Impératrice est intéressant : il s’accorde aussi avec ce que j’ai entendu dire d’elle par ceux qui la connaissent bien. Elle aura probablement le pouvoir de faire beaucoup de bien, et j’espère qu’elle le fera. Sa personnalité est de nature à captiver un homme, et particulièrement un homme comme l’Empereur…


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 29 mars 1853.

Mon très cher oncle,

… J’espère que la Question d’Orient se terminera d’une façon satisfaisante. D’après tous les rapports confidentiels que nous avons reçus de l’empereur de Russie, je crois pouvoir dire avec certitude que, bien qu’il ait traité le Sultan avec trop d’arrogance et de rudesse, il n’y a aucun changement dans sa manière ; de voir, ni aucun désir quelconque, de sa part, de s’approprier Constantinople ou quelqu’une de ses possessions, sans qu’il désire cependant voir l’Angleterre, la France, l’Autriche ou la Grèce, s’en emparer. Mais il est convaincu que la dissolution de