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l’amitié. J’ai écrit à la Convention nationale à ton égard. La lettre arrive un peu tard, et je ne suis pas fâché qu’elle ne t’ait pas été nécessaire. Cependant, je serais satisfait pour toi qu’elle fût mise dans le Bulletin. Comme elle ne contient que des faits vrais, elle présente un certificat qui peut plaire à la pureté de tes principes. Je pars demain pour Mer. J’y demeurerai quatre jours. Fais en sorte de m’y trouver ; c’est sur ta route. Nous porterons de bien bon cœur une santé à la Montagne. J’embrasse tes aimables citoyennes. Dis de ma part bien des choses amicales à Texier et au brave Nioche, qui s’est conduit à ton égard comme un républicain vertueux. »

La rentrée à Tours des deux administrateurs, de plus en plus régénérés, et, cette fois, à la source pure entre les pures, fut saluée par tous les patriotes d’un chaleureux accueil. C’est encore Garnier de Saintes, infatigable autant qu’enthousiaste correspondant, qui nous le fait connaître. Aux félicitations adressées à son ami, il mêle néanmoins le très sage avis de ne pas s’endormir dans la confiance d’une parfaite sécurité. Des ennemis déçus dans un projet de vengeance et déjoués dans leurs calculs n’en sont que plus terribles, car à l’acharnement de la haine s’ajoute chez eux l’acharnement de la revanche à prendre. « Je ne suis point étonné, écrit Garnier, de l’accueil que t’ont fait tes concitoyens. Victimes de la méchanceté et du crime, vous deviez être dédommagés, Texier et toi, par les hommages de l’estime des âmes vertueuses et honnêtes ; et, à raison de ce que vous réunissez plus d’amis, le méchant doit avoir plus à rougir et plus de haine à satisfaire. Mais vous triomphez, et les efforts d’un ennemi démasqué sont toujours impuissans. Je ne serais pas étonné que celui qui vous poursuit vous aliène mes collègues qui sont dans les environs de Tours : car nous ne sommes pas à l’abri d’être surpris. Mais votre justification les mettra en garde contre les mesures que la malveillance chercherait à leur surprendre. Sois donc tranquille, mon cher Clément ; marche toujours dans la même voie, et ris-toi des efforts du crime. Tôt ou tard il a sa récompense. Nous lui faisons la guerre comme aux Autrichiens, et si quelquefois nous en sommes la dupe, notre vengeance est en proportion du mal qu’il a causé à la patrie. » (22 ventôse.)

Les prévisions de Garnier de Saintes étaient fondées. Autant l’élargissement de Clément de Ris et de Texier-Olivier avait causé