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« Mogue, commissaire du Comité de salut public, et chargé particulièrement par Francastel, Représentant du peuple à Angers, à qui le Comité de salut public vient de confier l’importante mission de régénérer les autorités constituées et les fonctionnaires publics de toutes les communes du département d’Indre-et-Loire, conformément à la loi du 14 frimaire : Requiert les Administrateurs régénérés du département d’Indre-et-Loire de lui remettre pour demain un tableau avec notes sur les talens, sentimens, principes publics et révolutionnaires, état et qualités avant la Révolution, probité, activité au travail, ainsi que sur les degrés de chaleur de leur républicanisme, de tous les citoyens qui composaient les six administrations du district extra muros du département, séant à Tours avant le décret du 14 frimaire. » (Séance du 12 pluviôse, 1er février 1794.)

Il n’y avait pas à se méprendre sur le sens et la portée de la réquisition. Ce qui se préparait, c’était, avec toutes ses conséquences, la révision de l’épuration présidée par Guimberteau. Muni des renseignemens demandés, Mogue poursuit, précipite son enquête, tandis que, dans l’ombre, on s’évertue par tous les moyens, intimidations, insinuations perfides, allégations imprécises et sans preuves, à provoquer dans Tours un mouvement d’opinion contre Clément de Ris et Texier-Olivier. La femme Sanson est le principal artisan de ces sourdes menées. Elle se montre partout avec Mogue, boit avec Mogue, dîne, soupe avec Mogue ; puis se répand dans les faubourgs et proclame « qu’il faut en finir, qu’il va y avoir une hétacombe d’aristocrates ; » elle excite les exaltés, secoue les indifférens, intimide les pusillanimes, ramène les hésitans : il ne faut pas, dit-elle, mécontenter Mogue ; Mogue est tout-puissant ; Mogue sera terrible à ceux qui se compromettraient en faveur de Clément, de Texier et de Chalmel ; rien n’est à redouter de la Société populaire, Mogue a été envoyé pour la bouleverser.

Une décade suffit, — Senard avait été bon prophète ! — à mener l’affaire à bonne fin. Mogue était arrivé le 11 pluviôse ; le 21, l’on apprenait que Clément de Ris et Texier étaient décrétés d’accusation : déjà Texier venait d’être arrêté à Tours.

Pour avoir eu un rôle plus effacé que Clément de Ris, Texier-Olivier n’en avait pas moins, depuis seize mois, défendu avec une inlassable énergie la cause du droit et de la justice. Par là, il avait mérité la haine de la faction Senard. Originaire de